vendredi, novembre 22, 2024
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Femmes d'Amina

Un réseau sang pour sang collaboratif

La fondatrice de Lifebank Temie Giwa-Tubosun

Une jeune femme est derrière une startup technologique et logistique innovante conçue pour répondre au besoin vital du Nigéria en approvisionnement sûr et suffisant en sang.
Temie Giwa-Tubosun, 32 ans, est la puissance créative de LifeBank, une initiative médicale innovante qui peut peser dans des situations de vie et de mort.
Née à Ila Orangun, Temie Giwa-Tubosun vit au Nigeria jusqu’à ses 15 ans, puis rejoint ses parents aux États-Unis. Elle a pour intention de devenir avocate jusqu’à ce qu’elle participe à une simulation d’assemblée générale des Nations unies. Soudain, elle comprend que son destin est en Afrique.
Lors d’un bref séjour à Kano, au Nigéria, Temie Giwa-Tubosun travaille avec une organisation non gouvernementale qui fournit des services de santé aux femmes pauvres du nord du Nigéria. L’une d’elles, Aisha, décède d’une hémorragie post-partum. Il n’y avait pas de sang disponible, les travailleurs de santé n’ont pu que regarder, impuissants. « Je n’oublierai jamais son courage face à une douleur inimaginable », dit Temie Giwa-Tubosun. « Elle est, chaque jour, une inspiration dans mon travail ».
Résolue à trouver une réponse, Temie Giwa-Tubosun redouble de détermination lorsqu’elle donne naissance à son propre fils et connaît le même problème qu’Aïcha. « J’ai survécu parce que j’étais aux États-Unis et avais la chance d’accéder à de bons soins de santé », déclare-t-elle. « Après ça, j’ai décidé de retourner au Nigeria et d’aider à résoudre le problème de la mortalité maternelle ».
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la carence de fournitures essentielles, et notamment de sang, entraîne la mort de 26 000 femmes en couches chaque année au Nigéria. Dans le monde, ces pénuries sont la principale cause de mortalité maternelle. Pour s’attaquer au problème, Temie Giwa-Tubosun consacre d’abord toute une année à consulter des experts, apprenant autant qu’elle le peut. « Je me suis vite rendu compte que le problème était beaucoup plus important que je ne l’avais imaginé. Il touche les femmes bien sûr, mais aussi les enfants de moins de cinq ans atteints de paludisme, les cancéreux, les patients sous dialyse rénale, les victimes d’accidents, notamment de la route… En fait, une personne sur trois entrant dans un hôpital a besoin de sang ».
Elle découvre également que le problème va bien au-delà de la pénurie de sang : les hôpitaux ignorent quelle banque de sang dispose du groupe sanguin dont ils ont besoin à un instant donné, et le sang n’est pas transporté dans de bonnes conditions ou livré assez rapidement.
Temie Giwa-Tubosun s’assied avec deux jeunes informaticiens à sa table de cuisine à Lagos et, plusieurs repas et de longues discussions plus tard, le trio met au point l’application qui constitue le socle de LifeBank, lancée en décembre 2015. « Concrètement, nous utilisons notre plateforme pour aider les hôpitaux à localiser les fournitures médicales essentielles telles que le sang, l’oxygène et les vaccins, et nous les leur livrons en maintenant les conditions appropriées tout au long du processus », explique Temie Giwa-Tubosun. Les revenus proviennent de la livraison facturée aux hôpitaux.
L’équipe de Life Bank utilise une combinaison de technologie, de big data et de logistique intelligente.
« Nous comptons une quarantaine de banques de sang sur notre plateforme », déclare Temie Giwa-Tubosun. « Chacune est situé dans une région différente. Par exemple, si un hôpital d’Epe appelle pour du sang, nous contactons nos dépôts de sang les plus proches et envoyons un chauffeur faire la collecte ». LifeBank garantit un délai de livraison de 55 minutes et utilise un système de chaîne du froid qui maintient la qualité du sang, du plasma et des plaquettes même dans le climat chaud et humide du Nigeria. Les livraisons sont effectuées en moto pour déjouer les embouteillages de Lagos et le mauvais état des infrastructures. Des cadenas Bluetooth scellent chaque boîte de transport afin que seul le destinataire prévu puisse l’ouvrir.
« Comment on gère le reste, c’est notre cuisine secrète ! », déclare Temie Giwa-Tubosun. Elle ajoute cependant que les collectes de sang sont vitales pour la stratégie de LifeBank. « Nous en organisons quatre par an. Au cours de la dernière, nous avons recueilli 58 litres de sang – un demi litre peut sauver trois vies. Nous avons également 5 000 donneurs bénévoles inscrits sur notre plateforme. Nous ne gagnons pas d’argent avec ça, nous le faisons parce que nous jugeons essentiel d’assurer qu’il y a suffisamment de sang sur le marché ».
Temie Giwa-Tubosun pense que ses innovations transforment le fonctionnement des banques de sang et des hôpitaux. « Les dépôts de sang avec d’excellents produits et processus sont mieux notés sur notre plateforme », explique-t-elle. « Cela leur donne de la visibilité auprès de centaines de nouveaux clients potentiels, ce qui les aide à gagner plus et à investir davantage dans de meilleurs tests et processus ». Quant aux hôpitaux, LifeBank les aide à sauver des vies plus rapidement, en toute sécurité et à moindre coût. « Les hôpitaux avec lesquels nous travaillons n’ont plus besoin d’envoyer une ambulance et du personnel juste pour collecter quelques litres de sang lorsqu’un patient en a besoin ».
Temie Giwa-Tubosun aimerait que son concept devienne une réalité pour tous les hôpitaux nigérians, mais cela prendra du temps. Les chiffres sont impressionnants : la population du pays atteint près de 200 millions d’habitants, dont 18 millions dans l’État de Lagos, base des opérations de LifeBank. Au cours de ses deux premières années d’existence, et avec moins de 50 000 dollars américains de financement, Life Bank a conquis 94 hôpitaux, livré plus de 8 000 unités de sang … et sauvé 1 800 vies.
En janvier dernier, des investisseurs se sont engagés à hauteur de 200 000 dollars auprès de LifeBank pour permettre à Temie Giwa-Tubosun d’étendre ses activités à la capitale nigériane d’Abuja et à l’État de Kaduna, au nord du pays. Un exploit, dans un pays où le simple fait d’être une femme – pire, une femme entrepreneure – peut ressembler à un défi quotidien.
http://www.lifebank.ng/
Par Àtọ́kẹ́ pour BellaNaija
 

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