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Culture

Livres / Bibish Mumbu : Kinshasa-confidential.

Impossible de fermer l’œil. Elle commence le soir, elle continue la nuit et reprend le matin. Le boucan. Kinshasa n’arrête pas. La rue, la voisine, la téloche, le bar d’en bas, les moustiques, la voisine encore. Parce que c’est la vie, parce que c’est Kin. Et point !

Il y a peu de chance que vous tombiez sur un livre de Marie-Louise Mumbu. « Bibish » (son surnom kinois) est une écrivaine méconnue. Les rayons parisiens sont comme ça, ils ont le nez planté au ciel. Incapables de voir ce qui se passe ici, sur le goudron, dans la cage d’escaliers. Par exemple, en 2008, qui a parlé de « La vie quotidienne de Samantha » ? Personne. Et pourtant, voilà un bouquin sacrément nécessaire. Capable d’évoquer cette ville avec les seuls mots qui valent la peine : insomniaques, rigolards, carrément allumés, rangés dans le désordre, et on s’en fout, parce que la vie, elle est comme ça !

Ce que l’on peut dire d’elle ?
Pas grand-chose, juste le nécessaire. D’abord, elle est née à Bukavu, dans l’est de la RDC, sur les bords du lac Kivu. De l’autre côté, c’est le Rwanda. Elle avait 19 ans quand « ça » s’est passé. Le Kivu cultive si bien l’horreur. Ça ne s’arrête jamais. Ensuite, sa famille est partie pour Kinshasa. C’est là qu’elle a fait des études de journalisme, avant de se mettre à écrire, tout en s’impliquant dans cette « movida » kinoise. La capitale est bruyante, d’accord, mais aussi super active. Les années 2000 bougent dans tous les sens et Bibish s’implique dans quantité de projets, comme la danse contemporaine et la peinture.

On crie, on pleure, on s’engueule, la téloche est à fond, les moustiques remontés à bloc.

L’écriture. Elle a été permanente dès le début. Ses chroniques pour « Africultures » sont des petits bijoux. Jetez un œil aux extraits que l’on peut trouver sur le Net. Par exemple, ses chroniques kinoises, encore. « Mes obsessions : j’y pense et puis je crie » vous fait pénétrer au plus près de la cloison. De l’autre côté, c’est la langue capitale, l’amour, les moustiques, la téloche à fond, et puis Kabibi. Sa voisine. De l’autre côté, c’est Kinshasa, qu’elle a quitté pour vivre à Montréal.

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Sur le vol d’Air France, l’hôtesse lui propose un truc à boire. Bibish prend du vin rouge. Elle est assise à côté d’un vieil Européen. Elle ne dit rien. Elle pense à sa rue. « Ils font quoi à cette heure, les gens de mon quartier ? » Allez, on a envie de lui dire que dans deux mois elle revient. Eh man, Matongue, on ne quitte pas. Dans deux mois, elle revient.

Kabibi ?
« Une mama qui passe me dit que ce n’est pas une bonne fréquentation pour moi
Moi si gentille, universitaire, bonne fille
Elle, une pétasse
Mais qu’est-ce qu’elle en sait cette bonne femme ?
Personne n’aime Kabibi, moi si !
Et puis, le quartier est tellement coloré qu’on ne sait pas qui est plus pétasse que l’autre
Qui l’est et qui ne l’est pas
Qui est étudiante et qui ne l’est pas
Ville caméléon
C’est peut-être aussi ça la mondialisation. »

R. Calmé
Photo DR

« Logiques Urbaines à Kinshasa », 2002, L’Harmattan.
« Bibish à Kinshasa ou La vie quotidienne de Samantha », (2008), Edit Le Cri.

Kin, la belle, l’insomniaque, Kin la douce, l’extravagante, Kin ma chérie, on y revient toujours.

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