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Fadumo Dayib est née dans des circonstances bien particulières. Pour fuir l’instabilité et la pauvreté de la Somalie, puis le coup d’État militaire de Siad Barre en 1969 qui aggrava la situation, sa maman, nomade en quête d’un avenir meilleur, se réfugie au Kenya. En chemin, elle rencontre un compagnon d’infortune, mécanicien et débrouillard, avec qui elle se marie. C’est ainsi que Fadumo voit le jour en 1972 à Thika, dans un camp de réfugiés. Excisée, illettrée jusqu’à l’âge de 11 ans, elle apprend à lire et à écrire. Mais les autorités de Nairobi renvoient progressivement les Somaliens dans leur pays d’origine à partir de 1986. Ainsi, la jeune femme raconte raconte que c’est « une des meilleures choses » que lui ai fait le Kenya.
Lorsque la guerre civile éclate en 1990 en Somalie, ses parents parviennent l’intégrer dans un vol de l’armée avec ses frères et soeurs. Elle devait alors se rendre en Roumanie, via Moscou. Mais dans la capitale soviétique, ils s’enfuient et rencontrent des passeurs qui leur font traverser la frontière finlandaise. Commence alors sa deuxième vie. Dans cette exemplaire démocratie nordique, reconnue pour son égalitarisme entre hommes et femmes et l’excellence de son système éducatif, Fadumo s’émancipe. Elle y apprend le finnois, l’anglais, et étudie, étudie encore et encore. Jusqu’à obtenir plusieurs masters – dont l’un à Harvard aux États-Unis – et un doctorat.
Un jour, Fadumo, désormais finlandaise, mère de famille et modèle d’intégration, voit lors d’un reportage télévisé une Somalienne qui, faute de soins, perd son enfant en bas âge. Cela lui rappelle l’histoire de sa propre mère. Elle décide alors de se lancer dans un combat et postule aux Nations unies. En 2005, elle est envoyée dans une clinique du nord de la Somalie, où elle lutte contre le HIV et l’excision. Mais au bout de six mois, le personnel humanitaire est évacué en raison de l’insécurité alarmante. Elle part alors œuvrer au Liberia, où elle rencontre la présidente Ellen Johnson Sirleaf, première femme du continent élue au suffrage universel. Ce pays lui sert d’exemple et la convainc qu’il est possible d’améliorer la situation en Somalie et de se faire élire en tant que femme.
En septembre 2014, elle annonce sa candidature aux élections présidentielles en Somalie. Elle s’installe à Nairobi et finance sa campagne via le crowdfunding. Elle s’oppose au clanisme qui structure la société somalienne, et engendre clientélisme, corruption et la paralysie des institutions. En effet, l’élection présidentielle se déroule au scrutin indirect, les chefs de clans choisissant 14 000 délégués qui éliront les députés qui, avec les sénateurs, éliront le président… En somme, Fadumo constate qu’elle n’a aucune chance. Le 9 décembre 2016, après un énième report du scrutin, elle décide d’abandonner, refusant de cautionner un système qu’elle qualifie d’« apartheid ». Menacée de mort, elle déclare son intention de rester à Nairobi et de « travailler pour qu’on ait des élections démocratiques en 2020 ».
Fadumo Dayib ne compte pas s’arrêter là. Présente dans de nombreuses conférences, elle reste présente pour arriver à ses objectifs de paix. “J’ai fait beaucoup de sacrifices pour être ce que je suis aujourd’hui. Je n’ai pas de plans pour redevenir invisible, comme certains le souhaiteraient. Ma place est dans la sphère publique. Si je pouvais concourir à l’élection présidentielle actuellement, s’il y avait des élections démocratiques, je le ferais. C’est ce pour quoi je suis faite, et c’est ce pour quoi je vais continuer à me battre.” a-t-elle récemment déclarée au journal “L’Orient-Le Jour”. Courageuse, elle continuera à faire parler d’elle. En témoigne ses dires : “Plus je suis menacée, plus je suis insultée… plus je suis convaincue de mon combat”.
Au vu de la situation actuelle que vit la Somalie touchée par la famine et la crise, les actions de Fadumo Dayib prennent encore plus de sens et sont précieuses. Puis, comme elle le dit elle-même “Les femmes africaines ne parlent pas, elles agissent”. Et elle en est la preuve.
Par Céline Bernath
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