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Culture

Cudjoe Lewis, le dernier survivant d’un navire négrier

Au début des années 1930, l’anthropologue afro-américaine Zora Neale Hurston, réalise une série d’entrevues pour les besoins d’un roman. A cet effet, elle localise Cudjoe Lewis, le dernier captif survivant du tout dernier négrier ayant transporté des Africains aux Etats-Unis en vue de les vendre comme esclaves. C’est en s’inspirant de ces entretiens qu’elle écrit et publie son roman le plus connu, Their Eyes Were Watching God, en français une femme noire, publié en 1937.
Le 8 mai dernier, l’ensemble de ces entretiens ont été publié dans un livre intitulé Barracoon : The Story of the Last “Black Cargo”.  On y découvre l’histoire de Cudjoe Lewis, qui est né dans l’actuelle république du Bénin. Kossula, de son nom originel, a été capturé à l’âge de 19 ans par des membres d’une tribu voisine. Il est alors emmené de force sur la côte où il est vendu, en compagnie de 120 autres personnes, comme esclave. Le groupe se retrouve donc entassé dans le Clotilda, le dernier navire négrier à atteindre les côtes américaines, juste un an avant le début de la guerre civile.

Sur cette traversée, Cudjoe Lewis déclare : “Nous sommes vraiment désolés d’être séparés les uns des autres. Nous traversons pendant soixante-dix jours les eaux depuis le sol africain. Une fois arrivés, nous sommes encore séparés. C’est pourquoi nous pleurons. Notre chagrin est si lourd qu’on ne peut le supporter. Je pense que je meurs peut-être dans mon sommeil quand je rêve de ma maman.”
Une fois vendu à un « maître » américain, Cudjoe Lewis doit s’adapter, très difficilement, à une vie harassante dans un pays étranger : “Nous ne savons pas pourquoi nous sommes amenés loin de notre pays pour travailler comme ça. Tout le monde nous regarde bizarrement. Nous voulons parler aux personnes qui ont la même couleur de peau que nous, mais ils ne comprennent pas ce que nous disons.”
C’est en avril 1865, que Cudjoe Lewis, comme de nombreux esclaves, recouvre la liberté Cependant, celle-ci n’est accompagnée d’aucune compensation. Aussi, associé à 31 personnes dans le même cas que lui, il économise de l’argent. Ensemble, ils achètent un terrain près de la capitale de l’Alabama, qu’ils baptisent Africatown.

Si Zora Neale Hurston finit par abandonner la publication de ces entretiens dans l’état, en se heurtant au refus des maisons d’édition. En effet, la fidèle retranscription du langage vernaculaire de certains participants aux entretiens, gêne. Aussi, dans le milieu intellectuel noir, on craint que cela participe aux caricatures dont souffre déjà la communauté noire.
crédits photos : université d’alabama/Carl Van Vetchen
Auzouhat Gnaoré

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