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Selon certaines sources, ils seraient au moins 44 000, parfois âgés d’à peine 5 ans, qui mendient dans les villes de Saint Louis et Dakar. Le Samu social de la capitale estime que leur nombre grossit chaque jour d’une quarantaine. Venus des campagnes, confiés par leur famille à des maîtres coraniques, qui s’engagent à leur apprendre le Livre. Le matin, à partir de 7 heures, ils sont aux carrefours stratégiques, à proximité des centres commerciaux. Une boîte de conserve à la main, à demander une pièce, du sucre, du pain.
La situation ne date pas d’hier. En juillet 2016, le président Macky Sall annonce sur Twitter avoir « ordonné le retrait d’urgence des enfants des rues », au nom de la « protection des droits des enfants ». Dans son message, il promet aussi que « l’État prévoit amendes et peines de prison pour ceux mettant leurs enfants dans la rue ». Un an plus tard, les Ong remarquent que rien n’a changé. Trop de précipitation, des mesures autoritaires, un manque évident de moyens, aucun suivi en amont vers les familles : l’opération a visiblement capoté.
« L’idée de départ est bonne, mais sans préparation, sans coordination, ça n’a aucune efficacité, et ça a même été un traumatisme pour certains enfants, qui ne comprenaient pas ce qu’il se passait », explique le responsable d’une structure d’accueil, qui préfère rester anonyme. Au final, « le ministère de la Famille et les centres d’accueil pour enfants ont renvoyé plus de 1 000 talibés à leurs maîtres coraniques, sans qu’aucune inspection officielle n’évalue les conditions de vie dans leurs daraas (écoles). »
La crise sanitaire que le Sénégal risque d’avoir à affronter, et les mesures préventives décidées par les autorités, ont remis la question des enfants talibés en lumière. Il y a deux jours, la ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, Madame Ndeye Saly Diop Dieng annonce des actions en vue de les protéger.
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« Le combat contre le Covid 19 rime avec zéro enfant dans la rue. J’en appelle à une mobilisation totale et à un accompagnement, notamment des élus territoriaux, des délégués de quartier, des badienou gox et des ndeyou daara dont le soutien est une condition incontournable de succès. », déclare-t-elle dans son communiqué.
Cette fois, la mesure doit s’accompagner d’actions fortes. Le retour dans les familles sera soutenu par des aides aux familles. En attendant de retrouver ce cadre familial, les enfants doivent être placés dans des centres. Un numéro vert est également à disposition (116) pour l’opération, #ZeroEnfant. « Cette pandémie permettra-t-elle de régler un problème récurrent et hélas typiquement sénégalais. », écrit-on dans Au Sénégal.com
Roger Calmé
Photo DR
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