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Née en 1912 à Bamako, au Mali, alors colonie française connue sous le nom de Soudan français, Aoua Keïta a tenu une place phare dans l’histoire des femmes africaines. En 1923, son père, alors fonctionnaire au sein de l’administration coloniale, l’inscrivit dans la première école des filles de Bamako. Un geste rare et contre les usages à l’époque qui déplut fortement à sa mère. Après ses études primaires à l’Ecole des filles, elle fréquenta le foyer des métisses de Bamako, puis poursuivit ses études à l’Ecole africaine de médecine et de pharmacie de Dakar, de 1928 à 1931. Elle devient alors l’une des premières femmes d’Afrique noire à obtenir son diplôme de sage-femme. Aoua exerce d’abord à Gao, avant de déménager en divers lieux du Soudan français. Elle s’efforce alors d’intervenir auprès des autorités coloniales pour la création de maternités.
En 1935, Aoua épouse Daouda Diawara, un médecin qu’elle a rencontré à l’école à Dakar. En 1946, ils rejoignent le parti politique tout juste créé Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA).
Ne parvenant pas à avoir d’enfants et sous la pression familiale, Aoua et Daouda se séparent en 1949. Affectée par cette séparation, Aoua s’engage toujours plus pour l’indépendance. Mutée dans la ville de Gao, elle s’impliqua fortement dans les élections législatives de 1951 et joua un rôle important dans la victoire de son parti. De plus, elle mit tout en œuvre pour déjouer les fraudes et assurer le caractère transparent de ces élections jusqu’à s’opposer aux officiers français qui souhaitaient la victoire du partie adverse qui était francophile.
Quelques années plus tard, Aoua Keïta renonça à la nationalité française et devint membre du Bureau politique de son parti. En 1959, elle devint la première femme malienne et d’Afrique francophone élue à l’Assemblée constituante de son pays.
A la suite des élections, Aoua est envoyée quelques temps au Sénégal pour « raisons disciplinaires » avant de pouvoir revenir à Bamako. Elle y fonde le Mouvement intersyndical féminin, visant à développer la solidarité féminine et à rassembler des femmes travaillant dans différents secteurs pour améliorer leur condition. Elle représente ce mouvement au Congrès constitutif de l’Union générale des travailleurs de l’Afrique noire, en 1957.
La même année, Aoua est élue au bureau des Syndicats des travailleurs du Soudan. En 1958, elle est la seule femme élue au bureau politique de l’US-RDA. En 1959, aux élections législatives elle est élue députée de la Fédération du Mali, à Sikasso ; à ce poste, qu’elle est la première femme malienne à occuper, elle joue un rôle politique de premier plan, après l’accession du Mali à l’indépendance en 1960 et jusqu’au coup d’état de 1968.
Attachée à faire progresser les droits des femmes, Aoua participe notamment à l’élaboration du Code malien du mariage et de la tutelle, faisant avancer les droits des femmes. Elle instaure la Journée internationale de la femme africaine (JIFA), reconnue le 31 juillet 1962 par l’ONU. En 1968, elle perd son statut politique lors du coup d’Etat de Moussa Traoré, et quitte le Mali.
Elle quitta son pays en 1970 pour rejoindre le Congo afin d’y rejoindre son nouveau mari. En 1975, elle publia ses mémoires « Femme d’Afrique. La vie d’Aoua Keïta racontée par elle-même, » aux éditions Présence Africaine dans lequel elle retraça son parcours.
Aoua rentre au Mali en 1979 où ne vivra qu’un an ; elle meurt en 1980, à l’âge de 67 ans.
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