La grève du sexe pour exhorter au vote

En 2007, les élections présidentielles au Kenya, avaient occasionné de violents affrontements sur fond politico-ethniques. Plus d’un millier de personnes avaient été tuées et 600 000 autres, déplacées. Un souvenir encore vif dans la mémoire des Kényans qui se préparent, sans grand enthousiasme, à retourner aux urnes au mois d’août. Un député a semble-t-il trouver une astuce des plus surprenantes.
L’actuel président Uhuru Kenyatta, élu pour la première fois en 2013, devrait certainement briguer un second mandat, en bénéficiant du soutien d’une coalition de partis politiques. Une élection pour laquelle les personnalités politiques du pays ont bien du mal à mobiliser la participation de la population. Pour y remédier, Mishi Mboko, parlementaire et représentante des femmes de la ville de Mombasa, lance un appel aux Kényanes. Elle exhorte ces dernières à mener une grève du sexe contre leurs époux et compagnons, afin de les inciter à s’inscrire sur les listes électorales avant le 17 février 2017, date de clôture des inscriptions : “Mesdames, c’est la stratégie que vous devez adopter. C’est la meilleure. Refusez-leur les relations sexuelles tant qu’ils ne vous auront pas montré leur bulletin de vote.”
Ce n’est pas la première fois que ce procédé est adopté par les femmes dans le monde. En 2003, début du conflit politico-militaire en Côte d’Ivoire, la première dame d’alors Simone Gbagbo avait lancé le même appel aux Ivoiriennes afin de boycotter les accords de paix de Linas-Marcoussis. En Turquie, ce sont les femmes d’un petit village qui ont adopté cette méthode pour obtenir l’arrivée de l’eau courante. Ces faits ont d’ailleurs inspiré le film La source des femmes de Radu Mihaileanu. Un fait qu’on retrouve aussi dans la littérature, notamment dans la comédie grecque antique, Lysistrata d’Aristophane, où une femme appelle à la grève du sexe pour faire cesser la guerre entre Athènes et Sparte.
Auzouhat Gnaoré