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FACE A VOS RESPONSABILITES !

Lavender Hills. Sur la carte du Cap, le quartier compte parmi les plus défavorisés. Maisons de planches, voitures à l’abandon, une misère quotidienne, des rues qui butent contre des murs. C’est ici, en 2008, que Lucinda Evans a ouvert Philisa Abafazi Bethu (« Guérissez nos femmes »). Une urgence. Un pluriel d’urgences plutôt. Quand on entre dans le bâtiment, c’est un périmètre de paix qui s’ouvre. Des murs peints de couleurs vives, des ateliers pour enfants, des parents qui s’occupent d’un repas. L’enfer est resté dehors.Jamais la société sud-africaine n’a semblé au bord d’un tel gouffre. Quand elle évoque cette réalité, Lucinda Evans parle évidemment des chiffres. Selon les statistiques annuelles, on a recensé en 2018 une moyenne de 110 viols quotidiens. Le chiffre est en hausse de 4%. Ces douze derniers mois, les services de police ont enregistré quelques 50 000 agressions sexuelles. Et le nombre est sans doute dix fois inférieur à la réalité. Ce sont les chiffres. Et puis il y a la réalité. Le 24 août, Uyinene Mrwetyana, étudiante de 19 ans, entre dans un bureau de poste du Cap pour récupérer un colis. Elle n’en ressortira pas vivante. Son bourreau l’a violée puis assassinée.

En 2018 une moyenne de 110 viols quotidiens. Le chiffre est en hausse de 4%.

Passages protégés, portes ouvertes
La création de l’association répondait déjà à cette première nécessité d’accueillir les victimes et de les aider à se reconstruire. « La structure offre d’abord un refuge d’urgence. C’est une zone dangereuse où les conflits entre gangs ont fait régner beaucoup d’insécurité. Il y avait des victimes et on devait s’en occuper », explique cette militante. Mais le travail ne s’est pas arrêté là. Il fallait aussi considérer l’enfant, la scolarité, les activités de loisir, les personnes âgées et isolées, la formation également. Au final, Philisa Abafazi Bethu est devenue une structure sociale complète, gérée pour l’essentiel par des femmes, et qui pose sur ce paysage du ghetto une alternative de fonctionnement.

« si ce gouvernement ne parvient pas à nous protéger, nous, les femmes d’Afrique du Sud, nous pourrons les amener devant la cour constitutionnelle ». Lucinda Evans

Dans les manifestations qui se succèdent, Lucinda n’hésite donc pas à prendre le micro. Ce pour quoi elle se bat, donne aux propos une certaine crédibilité. Plusieurs fois, elle a interpellé avec virulence les politiques. « Je m’adresse aux femmes ministres. Quand allez-vous tenir pour responsables ces hommes qui échouent depuis si longtemps ? ». Et d’ajouter, « si ce gouvernement ne parvient pas à nous protéger, nous, les femmes d’Afrique du Sud, nous pourrons les amener devant la cour constitutionnelle ». On est en septembre. Les agressions continuent. Le président Cyril Ramaphosa veut désormais en faire une priorité nationale. Octobre 2018. En Afrique du sud, la belle saison est en train de revenir. Dans quelques jours, commenceront les sorties d’été. « Chaque lundi, les gosses de la communauté peuvent participer à un programme de surf. Ça se passe à Muizenberg Beach. On met en place diverses activités de ce type, encadrées par des bénévoles, avec des parents qui accompagnent, » explique Sherone qui vient deux après-midi par semaine accompagner. Muizenberg. L’océan. Les grandes vagues. Guérissez nos femmes et nos vies. Océan thérapeutique !www.philisaabafazi.org

Roger Calmé
Photo DR

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