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Billie Holiday, une grande dame du jazz

Dans les années 1930, dans le New York qui swingue aux sons des contrebasses, des trompettes et des saxophones s’échappant des clubs de jazz, émerge le talent de Billie Holiday, aussi connue sous le surnom de « Lady Day ». Elle électrise son public par une voix qui se veut électrisante d’authenticité, d’autant plus valorisée par le caractère intimiste de ses prestations scéniques. Eleonora Fagan, de son vrai nom, voit le jour le 7 avril 1915 à Philadelphie. Sa biographie fait régulièrement état de ses excès en consommation d’alcool et de drogues, qui ont fini par l’emporter. Seulement Billie Holiday, reste celle qui ouvert la voix à la chanson de contestation dans une Amérique pratiquant encore un racisme décomplexé à son époque. 

A seulement vingt ans, ses gardénias dans les cheveux, elle chante accompagnée des plus grands musiciens du jazz: Duke Ellington, Miles Davis, Lester Young. Mais la véritable star sur scène reste sa voix. Se démarquant de ses pairs, Billie, use de son organe comme d’un véritable instrument. Un organe un tantinet enroué avec un vibrato discret, qu’elle accompagne d’une diction claire et qui se veut traînante à la fois. Une voix qui manque toutefois de puissance et d’agilité mais qui est d’autant plus valorisée par le caractère intimiste de ses prestations. 

Une voix qui a cristallisé une des chansons les plus controversées de cette époque. Le Sud des Etats-Unis, connu pour son racisme décomplexé, s’enfonce dans la terreur avec des lynchages à répétition. En 1939, Billie met en musique un poème d’un jeune professeur de lycée, Abel Meeropol sous le pseudonyme de Lewis Alan : « Strange Fruit ». 

La chanson dénote du registre habituel de Billie composé de standards et de chansons d’amour. Hésitante au départ, elle se laisse finalement convaincre et interprète Strange Fruit pour la première fois sur la scène du Café Society, nightclub mondain de New York, avec le soutien de Barney Josephson, propriétaire de l’établissement. Une première interprétation qui plongea l’assistance dans un silence complet, et qui se termina avec des applaudissements d’abord timides, puis insistants. La chanson est adoptée par la société de gauche new yorkaise et devient une des chansons phares du club, tout le temps où Billie s’y produira. Pour cette chanson, Billie demandait le silence et une obscurité totale mis à part un spot braqué sur elle. Elle l’interprétait les yeux fermés, en insistant particulièrement sur la lenteur des paroles. Pour, elle Strange Fruit était un défi vis-à-vis d’un public qu’elle considérait comme méprisant à son égard. « Cette chanson me permettait de faire le tri entre les gens bien et les crétins » écrira-t-elle plus tard dans son autobiographie « The lady sings the blues  Billie quant à elle, chante rarement « Strange Fruit », titre trop subversif pour le sud des Etats Unis. A cet effet, elle sera chassée d’Alabama pour seulement avoir essayé de l’entonner. 

Pourtant à cette époque, Billie est la première artiste noire à se produire sur la scène du Metropolitan Opera de New York, à seulement 21 ans. Un peu plus tard, elle se fait accompagner de Count Basie, puis de l’Artie Shaw, des orchestres  exclusivement composés de musiciens blancs, avec lesquels elle se rend en tournée. A tel point qu’elle est obligée d’écourter ses tournées dans les Etats du Sud malgré son succès.  Malgré son statut de star, il lui est parfois impossible de réserver une chambre d’hôtel, de se rendre au restaurant en compagnie de ses musiciens. Elle se voit même obligée d’emprunter l’ascenseur de service dans les établissements de luxe. La Columbia, maison de disque qui la produit, émet des réserves à enregistrer ce titre, de peur de déplaire à son marché dans le sud des Etats-Unis. «  Strange Fruit »  est finalement enregistrée et connaît un succès retentissant. Décédée le 17 juillet 1959, au Metropolitan Hospital de Harlem à New York, Billie Holiday reste une inspiration pour de nombreux artistes, tels que Diana Ross, Nina Simone, Annie Lennox, Macy Gray ou encore la regrettée Amy Winehouse. Mais pour beaucoup d’autres, elle restera inscrite au Panthéon de ces artistes noirs comme Harry Belafonte, Sam Cooke ou plus récemment Kendrick Lamar, qui ont eu le courage de mettre en danger leur notoriété  pour lutter contre les discriminations dont est encore victime la communauté afro-américaine aux Etats-Unis. 

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