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Avec seulement 26 cas déclarés de coronavirus et un seul décès, le Bénin apparaît comme épargné face à l’épidémie. Le gouvernement n’a pas ordonné de confinement mais seulement un cordon sanitaire autour de douze villes du pays. Le Bénin est aussi le berceau du culte animiste et vaudou. Coïncidence ? Ce n’est pas de l’avis de tous.
Au Bénin, malgré une population majoritairement catholique et musulmane, 20% de la population est tout de même animiste. Être animiste signifie croire en une force, une âme qui anime tous les hommes, les animaux, les objets, les éléments naturels etc. Ce culte très ancien est fortement ancré dans la vie quotidienne des Béninois. Forte d’un panthéon de 300 divinités, ces croyances se traduisent tout autant en une conception de la médecine traditionnelle.
Si les hommes cherchent à obtenir la faveur des dieux par des cérémonies ou des sacrifices, ils peuvent tout autant les froisser. Il n’est donc pas rare au Bénin de penser que le covid-19 a été créé par des divinités en colère. La raison de cette colère ? Une atteinte à la nature ou une violation de certaines lois traditionnelles par les hommes.
« Le coronavirus est une punition de la nature contre celui qui la détruit ou la manipule génétiquement en pensant à son profit ou son ambition. L’homme se comporte en égoïste alors que la nature lui donne tout, mais la générosité a des limites », affirme Gabin Djimassé, historien et spécialiste de l’art vaudou auprès du Monde.
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Le pays n’a pas les moyens d’instaurer un confinement total et se contente un cordon sanitaire. Décision qui peut sembler raisonnable au vu du faible nombre de contaminés au Bénin. D’autant plus que le confinement signifierait un arrêt de l’activité économique. Le pays et sa population ne peuvent pas se le permettre comme les pays européens : arrêter de travailler, c’est arrêter de manger et donc mourir. Affamer le peuple n’est donc pas à l’ordre du jour.
Entre théorie du complot et colère des dieux, chacun a son interprétation de la situation. Au Bénin, on privilégie la seconde piste : « Le vaudou est la réponse que nos anciens ont trouvée pour répondre philosophiquement à toutes les questions, explique Gabin Djimassé. Un adepte du vaudou considère qu’il y a une solution à tout problème à condition de respecter la nature, dans laquelle il puise sa force et sa dimension spirituelle. »
Longtemps décrié, le vaudou a été réhabilité en 1992 au Bénin avec la création d’une Journée Nationale du Vodoun, un jour férié. Mais les habitants n’ont pas attendu les autorités pour légitimer ces croyances. On estime aujourd’hui que dans 80% des cas de maladie, le vaudou est utilisé en premier recours, avant la médecine moderne. Le principe est de croire que l’on soigne à la fois le corps et l’esprit par des rituels, des incantations, des grigris… Des cadavres d’animaux séchés aux crânes, feuilles et racines, ces grigris servent à la médecine.
Les adeptes conseillent donc de réaliser des rituels traditionnels afin que le coronavirus reste loin des foyers. En effet si les dieux ont envoyé ce fléau, on peut conjurer le mauvais sort en se protégeant grâce à l’art vaudou. Les sacrifices sont interdits en raison des règles anti-rassemblement, mais les Béninois sont plutôt confiants quant à leur robustesse. Ils pensent pouvoir se soigner en combinant rituels vaudous et médecine naturelle.
De nombreuses rumeurs circulent sur des médicaments naturels contre le coronavirus : ail, oignon, vin de palme ou ngouli, feuille de nem, ndolé… Oui l’ail et l’oignon ont des propriétés microbiennes annonce l’OMS, mais ils ne protègent pas efficacement contre le nouveau virus. Quant au ngouli, cette liqueur traditionnelle très forte, les médecins mettent aussi en garde : le degré d’alcool est très fort et en consommer trop mène à la mort. Enfin, la feuille de nem n’est pas la feuille à l’origine de la chloroquine, c’est le quinina, arbre poussant dans la Cordillère des Andes.
En attendant, rien n’a prouvé que le vaudou soigne ou prévient le coronavirus même si le Bénin semble épargné par l’épidémie. Mieux vaut donc rester prudent et respecter les gestes barrières, en attendant la fin de l’épidémie ou… de la colère des dieux.
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