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Houda Benyamina est une réalisatrice franco-marocaine engagée qui questionne la société. Après avoir fait deux courts-métrages professionnels primés dans plusieurs festivals, Houda présente son premier long-métrage à Cannes, « Divines », sélectionné à la quinzaine des réalisateurs. Elle concourt pour la caméra d’Or, récompensant le meilleur premier long-métrage du Festival.
Après la projection de son film, Houda Benyamina a accordé une interview à Amina.
A la fin de la projection de « Divines », Il y a eu une standing ovation. Vous attendiez vous à un tel accueil ?
Dans la vie, je ne m’attends à rien, pour ne pas être déçue. J’étais très émue car je fais du cinéma pour le public avant tout. J’ai besoin de donner mon regard sur la société. Le cinéma n’est pas un art d’entre soi mais un art ouvert aux autres qui sert à toucher les gens. Je dis toujours « le commencement est l’émotion, la réflexion vient après ».
Oulaya Amamra, l’actrice principale et Déborah Lukumuena ont une vraie complicité à l’écran. Comment avez-vous travaillé le jeu des actrices ?
Par l’identification au départ et en immersion ensuite : elles portaient les costumes de leurs personnages durant des heures avant de tourner. On a beaucoup travaillé les mouvements du corps aussi. Pour l’actrice principale, il y a eu une grosse préparation physique. Comme elle fait de la danse classique dans la vie, il lui fallait une préparation plus rugueuse, elle a fait de la boxe et a aussi dû visionner des documentaires animaliers. Elles se sont nourries beaucoup de films. Non pas pour qu’elles copient le jeu de grands acteurs mais pour qu’elles s’en inspirent. Je fais un travail très profond sur le personnage, à la fois sur les enjeux narratifs (d’où il vient ? dans quelle direction va t-il ?) et sur les mouvements corporels. Un acteur incarne le personnage par le corps.
Comment avez-vous eu l’idée du film ?
A la base, je viens d’un quartier populaire dans le 91. J’ai vécu les émeutes de l’intérieur, j’ai voulu savoir les raisons d’une telle colère. Adolescente j’étais très rebelle. Quand les émeutes sont survenues, j’étais plus âgée du coup, je ne suis pas descendue dans la rue mais j’avais très envie. Pourquoi il n’y avait pas d’intelligencia après cette colère là ? Pourquoi il n’y a pas eu de Mots et de vraies réflexions après ? Donc le film vient de là. Après c’est un film qui parle de pauvres et non de banlieues. Ceux sont les personnages désaxés qui m’intéressent.
C’est aussi un film sur la valeur de l’amitié ?
Oui, l’amitié c’est quelque chose de très important pour moi. J’ai eu la chance d’avoir de grandes amitiés dans la vie. J’avais envie de raconter une grande Histoire d’amitié. C’est une relation sans concession, sa meilleure amie pourrait mourir pour Dounia.
Il y a une vraie dimension spirituelle au début et à la fin de votre film ?
Le spirituel est présent tout au long du film avec la séquence de la lune où elles s’interrogent sur Dieu. Et la valeur du sacré passe aussi par la danse. J’ai travaillé avec Nicolas Paul, je voulais des chorégraphies qui révèlent cela, d’ailleurs toutes les scènes de danse sont prises d’une vue d’en haut. Il y a aussi beaucoup de musiques classiques (Vivaldi, Mozart). Tous les êtres humains sont dans cette ambivalence entre le spirituel et des pulsions animales (soif de pouvoir et d’argent, tentations).
Vous traitez aussi de l’influence de la famille sur la construction d’une identité ?
En effet, elle manque d’estime d’elle-même et a un grand besoin d’amour. Elle n’a pas connu son père et sa mère ne joue pas son rôle.
Vous êtes une réalisatrice engagée ?
Oui j’aime ce terme. Je suis engagée dans mon art, et je mets de l’art dans mon engagement. Mon association « 1000 visages » est vouée à cela.
La personnalité de Dounia, incarnée par l’actrice Oulaya Amamra c’est un peu vous ?
Oulaya est ma petite sœur. Elle a un côté rebelle comme moi. Je l’ai formée ainsi que l’autre actrice Jisca Kalvanda depuis qu’elles sont petites. Elles et la troisième actrice Déborah qui elle, a été castée, ont apporté leur regard intelligent sur leurs personnages. J’avais besoin de comédiennes qui étaient capables de les transcender. C’est un film sur l’humain avant tout.
Sur 21 films en compétition officielle pour la palme d’or, seules 3 femmes sont présentes. Même performance pour la section « un certain regard » où il y a trois réalisatrices sur 18 films. Et quatre à la Quinzaine des réalisateurs. Comment expliquez-vous cette sous-représentation de femmes cinéastes ?
Le jour où il y aura davantage de sélectionneurs femmes, on verra plus de cinéastes femmes. Il y a quatre sélectionneurs dans ma section, et ce sont des hommes. Il faut déjà se poser la question pourquoi il n’y a pas de femme dans le comité de sélection ? A partir du moment où les femmes occuperont plus de postes décisionnaires, tout ira mieux.
L’Afrique est aussi peu représenté dans des festivals internationaux de cinéma.
C’est une question de diversité. C’est le même problème que pour les femmes. S’il n’y a pas de sélectionneurs d’origine africaine, ça ne changera pas. Aujourd’hui, c’est un milieu d’’entre soi.
Un mot sur votre association 1000 visages ?
On crée des dispositifs pour démocratiser le cinéma. On va dans des quartiers pour sensibiliser les enfants aux métiers du cinéma (techniciens, comédiens, réalisateurs). Nous proposons également des formations.
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