vendredi, novembre 22, 2024
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Culture

Entretien – Nadia du blog "Like Gold" nous offre un autre visage de la culture vaudou

Originaire de l’ancien Royaume du Dahoumey en Afrique de l’Ouest, la culture vaudou est une religion animiste qui se pratique encore au Bénin ou au Togo. Celle-ci s’est également répandue aux Caraïbes et aux Amériques. Seulement, aujourd’hui, elle est particulièrement crainte et critiquée en Afrique. C’est ce que déplore Nadia, à l’origine du Blog Like-Gold. Panafricaniste dans l’âme et défenderesse des traditions, elle a souhaité faire des recherches et un travail autour de la culture vaudou, afin d’offrir une image positive à celle-ci, loin des clichés superstitieux. Interview.
Comment êtes vous devenue blogueuse ? Quel a été votre parcours ?

J’ai fait des études de droit, puis j’ai travaillé comme assistante juridique. Et depuis que j’ai eu mon fils, je me suis surtout consacré à lui. Depuis toujours, j’ai été attirée par tout ce qui touche l’Afrique et souhaitais mettre en avant les talents. J’ai d’ailleurs toujours voulu faire du journalisme. J’ai remarqué que,  nous les Africains, avions tendance à négliger ou même à rabaisser tout ce qui fait notre culture. Nombre d’entre nous a honte d’être noir, mais aussi des tissus qui se font chez nous et privilégie ce qui vient de l’Europe. En 2012, j’ai souhaité lancer une ligne de vêtements et de bijoux. J’ai d’ailleurs participé à un concours organisé par Orange et Au Féminin.com et j’ai fini 2ème. Mais lorsqu’on se trouve à l’extérieur du continent, il est difficile de travailler avec l’Afrique. Ainsi, l’année dernière j’ai décidé de faire un blog sur lequel je parle de l’africanité, des pépites qui se trouvent sur le continent.

Vous dites être une panafricaine. Que signifie pour vous ce terme ?

Pour moi, c’est revendiquer ce que nous sommes, cette africanité. C’est aussi essayer de fédérer les africains pour qu’on puisse avoir une vision commune sur le développement de l’Afrique et grâce à nous-même et donc d’arrêter d’attendre un sauveur qui vient de je ne sais où. Pour moi, il est important qu’on s’accepte et qu’on s’aime. Nous ne reconnaissons pas suffisamment les talents les uns des autres. Nous nous dénigrons trop. Il faut qu’on soit ensemble, qu’on ait une vision commune sur le développement de l’Afrique.

Vous considérez-vous alors également comme une afro-féministe ?

Moi complètement. J’ai eu pas mal de clash par rapport à ma position de femme africaine. Je trouve que les hommes africains, même aujourd’hui en 2017, n’acceptent pas d’être contredits par une femme. Il est difficile de donner notre opinion, et nous sommes vite cataloguées. D’ailleurs, la plupart des hommes africains pensent que je suis une furie incontrôlable.

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Pourquoi avoir souhaité faire des recherches et approfondir la culture Vaudou ?

Tout d’abord, parce qu’il y a quelque chose qui m’énerve dans l’Afrique, c’est le christianisme, les pasteurs qui prolifèrent, qui manipulent la population et qui exploitent la misère du peuple en leur faisant peur. D’un autre côté, il y a aussi ce vaudou qui fait partie de notre culture. Ce qui me choquait depuis l’enfance, c’est que la plupart de la population de mon pays est chrétienne et dès qu’ils croisent quelqu’un qui a un signe extérieur de vaudou, ils le critiquent et le rejettent. C’est un peu une forme schizophrénie. Lorsqu’il y a un évènement grave, comme un décès, ils ne vont jamais voir le pasteur, mais courent voir le marabout, et quand tout va bien c’est le contraire. J’assimile cela à un enfant rebelle qui, dès qu’il rencontre une difficulté, court se réfugier dans les bras de maman. Il y a comme un conditionnement, une culpabilité à faire appel au vaudou et à toute religion animiste. J’aimerais que notre génération accepte que cela fait partie de notre histoire. Quand on discute avec un prêtre vaudou, qu’on observe tous ces animistes, on constate qu’il y a une grande sagesse. Si on reconnaît ces faits, cela permettrait de mieux nous structurer.

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Que vous ont apporté ces recherches et qu’avez-vous souhaité apporter ?

Tout d’abord, j’ai voulu montrer qu’il ne tenait qu’à nous de donner l’image qu’on souhaitait du vaudou. Aujourd’hui, on peut très bien montrer le vaudou sous une belle forme qui peut ne pas choquer, ni ne faire peur.

Il y a une multitude de divinités et j’ai appris qu’au final le vaudou tourne autour de la nature et du respect de la nature. J’ai aussi appris que le dieu qu’on respecte le plus, c’est le dieu de la nature, celui assimilé à la terre. En effet, tout aliment pousse dans la terre. Si la terre n’est pas fertile, on ne peut pas manger. Nous marchons sur la terre, l’eau coule également sur la terre. Sans son support nous ne sommes rien.  Après cela, il y a la divinité de la mer, qui est très crainte. J’ai appris qu’on est tous avec la sympathie d’une divinité qui nous accompagne si on leur rend hommage.

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J’aimerais préciser qu’il n’a pas été évident de faire ces recherches, car les prêtres vaudous en sont arrivés à craindre de parler du culte. Quand on veut les approcher, ils ont du mal à se dévoiler. Ils craignent que notre objectif soit de parler d’eux négativement. Cela m’a fait de la peine qu’on en soit arrivé là. Il y a beaucoup de choses qui se perdent. J’ai d’ailleurs constaté qu’il y a certains cultes vaudous qu’on ne sait plus faire, parce que ceux-ci n’ont pas été perpétrés.

Quand on se rend dans un couvent, les attitudes ou plutôt l’accueil des prêtres et prêtresses dépend des divinités qui nous ont accordées leur sympathie. Par exemple, si j’ai la sympathie de divinités aux forces supérieures à celles du prêtre, il me traitera comme si j’étais sa supérieure, alors que je suis profane.

Et que dire de la place de la femme dans la culture vaudou ?

Elle est très respectée, d’abord du fait qu’elle porte la vie. Elle est assimilée à la divinité de la terre. Quand il y a une femme, elle est souvent appelée “Mianon”, qui veut dire mère. Ce que j’ai remarqué aussi c’est que les plus divinités les plus craintes sont souvent des créatures féminines. En visitant les couvents vaudous, j’ai vu pas mal de femmes prêtresses également.

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Y a-t-il une divinité qui vous a plus marqué que d’autres ?

Il y a une divinité dont le culte m’a fasciné, c’est la Sirène des eaux, car il y a beaucoup de codes et de rites autour de celle-ci.  Les personnes liées à elle revendiquent une certaine pureté. Ils ont d’ailleurs des jours où ils ne dorment pas dans le même lieu avec leur partenaire. Chacun vit seul dans sa maison avec sa divinité dans un lieu très décoré et clinquant. D’ailleurs, ils n’appellent jamais leurs époux par le terme de “mari” ou de “femme”, mais par celui d'”amant” ou de “maîtresse” car l’époux ou l’épouse est la divinité. J’ai également beaucoup aimé les couleurs, le blanc, le bleu et l’or. Sinon, la divinité que j’ai le plus craint , c’est celle de la terre, mais c’est peut être dû à la façon dont on me l’a présentée.

Aujourd’hui vous avez fait un premier rendu de ces recherches. Quelle est la suite ?

Pour le moment, nous avons travaillé sur les quatre divinités clefs en lien avec la nature, celles de la terre, de l’eau, de l’air et du feu. Nous avons le projet de travailler avec d’autres divinités, celles qui sont assimilées à ces quatre dernières. Nous les représentons via des shooting photos avec l’aide de la photographe M’Blink. Les clichés représentent des adeptes qui portent dans leurs mains des éléments importants liés aux divinités. Mon rêve maintenant c’est d’essayer d’approcher nos frères et soeurs des Caraïbes pour voir ce qu’ils ont pu garder de la culture vaudou.

Pour découvrir le travail et le blog de Nadia, cliquez sur ce lien : https://likegoldblog.wordpress.com/

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Par Céline Bernath

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