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Kadiatou Conté a grandi en Côte d’Ivoire, avant de rejoindre la Guinée. Elle a écrit ses premiers textes au collège et a décidé de faire son premier single une fois ses études terminées. C’est donc après avoir obtenu un diplôme en communication à l’université qu’elle sort son premier single “Appelle-moi Keyla”. Celui-ci fut suivi d’une mixtape sortie en 2016 “Come Back”. Aujourd’hui, elle affine sa plume et travaille sa musique pour offrir un nouvel album en 2018 avec lequel elle souhaite représenter le rap guinéen féminin de par le monde. Interview.
J’ai choisi le rap, parce qu’il y a peu de rappeuses en Guinée. Elles ont pratiquement toutes disparu. A l’époque, il y avait Ideal Black Girls. J’ai adoré ce qu’elles faisaient et ça m’a poussé à me lancer dans la musique. Aujourd’hui, mon défi est d’emmener le rap guinéen féminin au-delà des frontières
Je pense que souvent les femmes ne se lancent pas dans cette discipline parce qu’elles pensent que le rap est réservé aux hommes. Et puis, c’est une carrière qui est difficile. Le problème, ici en Guinée, c’est qu’elles ont peu de place sur scène. Les gens ont tendance à les négliger.
Moi je n’ai pas de problème pour le moment. Je fais mon chemin, lentement mais sûrement. Je ne me suis jamais dit qu’être une femme était un frein. Je fais de la musique et je suis dans le rap. Personne ne pourra m’en empêcher. Il faut que les choses changent et il y a une nouvelle génération qui arrive.
Dans le rap, il y a souvent de l’ego trip. Mais il est aussi important de faire passer un message. Si je me base sur mon prochain album, il y a un mélange de musiques qui permet tant au plus jeunes qu’aux plus âgés de s’y retrouver. J’ai un morceau slam qui parle de l’excision. Là j’ai essayé de faire passer un message pour faire comprendre que les mutilations génitales ne sont pas de bonnes choses. Il y a un autre titre au sujet de l’unité africaine qui est nécessaire pour avancer. En résumé, il y a des textes conscients, de l’amusement et de l’ego trip.
C’est une tendance pour les jeunes et je fais partie de cette génération qui aime l’afro trap. Mais il faut aussi rester dans l’authenticité. Je peux faire de l’afro trap, mais j’ai aussi mon rap à moi qui est un mélange de hip-hop et de culture africaine, sans être de l’afro trap. C’est un mélange des deux cultures. Et puis mon flow n’engage que moi.
En Guinée, nous n’avons pas de promoteur, ni de vrai producteur. C’est alors très difficile pour un artiste de faire circuler sa musique si personne n’est là pour la booster. Je suis moi-même en autoproduction pur le moment.
Le rap que je fais est complètement différent de celui des autres Guinéens. Avec mon équipe, nous avons mis en place des dispositions pour internationaliser mon prochain album qui sortira au cours du premier trimestre 2018. Il y a un gros truc qui se prépare. L’album sera distribué au-delà de la Guinée, on l’espère, et on prévoit aussi des dates à l’extérieur.
Il ne faut pas se sous-estimer et surtout ne pas lâcher ses études, même si on souhaite faire de la musique. J’aimerais aussi dire que le rap n’est pas réservé aux hommes. Il faut alors qu’on se batte.
Je veux dire à tous ceux qui liront cet article que l’album arrive. Avec ce dernier, je vais réaliser le défi d’envoyer ce rap Made in Guinée en dehors des frontières. Pour cela, je compte sur tout le monde, car seule je ne peux y arriver.
Keyla K. sera en showcase le 7 octobre au CRISBER Night Club International à Conakry.
Propos recueillis par Céline Bernath
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