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Tebello Nyokong: que la lumière soit

Quand on lui demande la raison de son travail, elle répond parfois avec une boutade. « Le fil rouge de ma carrière, c’est la lumière. Je me suis découvert une passion pour les lasers. Ils sont lumineux, colorés et ils vont droit au but ! (…) Ce qui m’intéressait au départ, c’était le laser, pas le cancer. » Parce que c’est bien du cancer que s’occupe la Pr Tebello Nyokong, et plus précisément de la photo-chimiothérapie.

De quoi s’agit-il ? La « photothérapie dynamique » consiste à injecter des molécules médicamenteuses sur une tumeur, puis de les exposer à un rayonnement laser. La lumière les active, l’oxygène participe alors à la destruction des cellules tumorales. Et seulement celles-ci. C’est toute la difficulté de son travail. Mais les perspectives sont considérables, par rapport à des chimiothérapies classiques, infiniment moins sélectives.

Installé à Grahamstown, dans l’une des plus anciennes universités d’Afrique du sud, son département de chimie médicinale et de nanotechnologies attire des scientifiques du monde entier. Ses équipements sont à la pointe de la recherche. Un “vaisseau spatial”, comme elle aime l’appeler, de 6 millions d’euros. Et elle s’est battue pour cela, comme elle se bat pour ses étudiantes. Comme elle s’est battue pour apprendre, dans un domaine scientifique totalement fermé aux femmes. A l’époque, aucune n’aurait pu lui servir de modèle. « Mais j’étais très ambitieuse. Et puis, les professeurs ont joué un rôle important. Durant ma première année, un assistant notamment, qui rendait la chimie totalement fascinante. Il m’a ouvert la voie. »

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Issue d’un milieu très pauvre, Tebello a grandi ses dix premières années dans un township, à la périphérie de Johannesburg. En 1960, après la répression sanglante de l’apartheid, sa famille est rentrée au Lesotho. C’est là qu’elle a suivi ses études, partagée entre les cours et le troupeau qu’elle gardait dans la montagne. « Tout ce que je savais, c’est que je voulais une éducation », dit-elle souvent. Une idée qu’elle n’a jamais perdue de vue, de l’école à l’université du Lesotho, puis au Canada et aux USA, où elle décroche ses doctorats. Brillante ? Et un peu plus encore.

En 2009, la Fondation L’Oréal l’a reconnue parmi les chercheuses les plus importantes de cette époque. Et en 2015, le Prix scientifique Kwamé Nkrumah lui est décerné par l’Union africaine. Et le travail continue. A 68 ans, aux manettes de son « engin spatial », elle continue d’accueillir des étudiants du monde entier et de conduire son travail. Son rêve secret est de mettre au point la première molécule « africaine » qui puisse guérir du cancer.

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Comme elle le dit souvent, on montre toujours de l’Afrique le visage du désastre. La guerre, la mort, l’incapacité. Pourtant ce n’est pas cette Afrique qu’elle voit. «Notre gouvernement a pris la décision qu’il n’allait pas seulement combattre la pauvreté mais aussi développer les sciences et les technologies. Les gens devraient en tirer parti et travailler dur… Mais on dirait que travailler n’est pas très populaire. » La Pr Tebello Nyokong a la réputation d’être une enseignante difficile. Exigeante. Et ses étudiantes l’adorent aussi pour ça !

Roger Calmé
Photo : DR

Dure avec elle-même et la réputation d’une professeure exigeante. Tebello Nyokong mise sur la relève.

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