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Présidente du « Salon de la Femme » un lieu unique de partage et d’écoute créé en février 2017, Sidonie Flore Ouwé se bat pour faire reconnaître et respecter au Gabon les droits des femmes. Et il y a encore bien du travail ! En avril, elle vient de réunir à Libreville une nouvelle session de formation qui a connu un grand succès. Rencontre avec une personnalité attachante qui n’a pas sa langue dans sa poche.
Pour vous présenter, pouvez-vous nous résumer votre brillante carrière ?
Mariée à un expert-comptable, qui est à la tête d’un important cabinet de consultations fiscales à Libreville, j’ai mené une carrière judiciaire, dont je suis fière. Affectée en 2004 au Parquet de Libreville après de solides études de droit, j’ai rapidement gravi tous les échelons de la hiérarchie judiciaire jusqu’à être nommée Procureur adjoint de la République dès 2011, puis Procureur de la République près le Tribunal de Libreville. Puis j’ai été en charge de la délinquance économique et financière près le Tribunal spécial créé pour s’attaquer à ce que l’on appelle la « délinquance en col blanc ». Mais l’ordonnance créant ce Tribunal spécial à compétence nationale fut annulée par la Cour constitutionnelle et celui-ci ne vécut que deux mois. On ne donne pas toujours tous les moyens nécessaires à la lutte contre la corruption. C’est pourquoi je me suis toujours beaucoup investie dans d’autres combats à côté.
Vous avez ainsi crée le « Salon de la femme », qu’est-ce que c’est ?
C’est une belle idée. Nous l’avons créé le 14 février 2017, le jour de la Saint Valentin, il y a un peu plus d’un an. Le « Salon de la Femme » est un lieu de rencontre conçu comme le salon d’une maison où les Gabonaises de tout âge et de toutes conditions viennent échanger entre elles, s’entraider pour faire face à des situations difficiles et trouver une assistance juridique pour résoudre leurs problèmes. Tous les mercredis et samedis après-midi, je reçois ainsi au Salon une quinzaine de femmes pour les écouter, venir en aide aux plus vulnérables et tenter de résoudre des cas précis. C’est gratuit et concret.
Vous venez de tenir à Libreville une session de formation. Quels en étaient les thèmes ?
Aidés de jeunes femmes entreprenantes et dynamiques comme Sandra Mawora, notre Secrétaire générale, nous avons organisé du 17 au 20 avril 2018 à Libreville – à l’occasion de la Journée nationale de la femme – une semaine de formation autour de trois thèmes : « Le chemin à parcourir pour entreprendre », « La reconnaissance de paternité et ses effets », « Que doit faire la femme après la mort de son mari ? » lors de l’ouverture d’une succession. Cette première session s’est achevée par un dîner de gala. Le but de ces rencontres « Après-travail » – comme du Salon en général – est d’identifier tous les textes de loi qui mettent en exergue les droits des personnes vulnérables puis de vulgariser les droits de la femme gabonaise pour que les lois soient compréhensibles par tous.
Vous êtes très engagée depuis longtemps dans le mouvement associatif. Racontez-nous…
Dès 2002, je me suis engagée avec ma sœur aînée Clarisse dans le mouvement associatif pour venir en aide aux femmes en détresse et aux enfants maltraités en mettant en place des consultations juridiques gratuites à leur profit. C’était très prenant mais aussi bien souvent réconfortant… Nous avons ainsi soutenu un couple de chrétiens gabonais qui ont ouvert depuis une quinzaine d’années « la Maison de l’Espérance » qui est une maison d’accueil pour venir en aide aux enfants des rues et fait un excellent travail. Mais les besoins des enfants difficiles ou issus de quartiers défavorisés sont immenses…
D’où tenez-vous cette passion de vouloir toujours aider les autres ?
De ma mère Marcelline, dont j’ai voulu suivre le bon exemple. J’ai puisé auprès d’elle cette passion pour venir en aide aux enfants des rues ou aux jeunes défavorisés. Car ma mère était une femme qui ne supportait pas de laisser autour d’elle des gens dans le besoin et a toujours oeuvré pour faire le bien autour d’elle en dépassant si possible le cadre familial. Catholique pratiquante, je veux – à son exemple – donner comme elle un sens à ma vie. C’est en 2010, lors du décès de mon père Michel, enterré dans son village natal de Ndendé (Provinces du Sud), que j’ai vraiment découvert la profonde misère du Gabon. Je me suis alors poser une question simple : « Que peut-on faire pour améliorer le quotidien de tous ces gens du monde rural dont personne ne s’occupe ? ». Là encore, le besoin est immense et le peu que l’on puisse faire n’est pas toujours bien vu par les responsables politiques locaux qui ne s’en préoccupent guère, mais veulent que rien ne leur échappe pour rester incontournables dans leurs territoires.
N’êtes-vous pas également très active au niveau national ?
En 2015, j’ai en effet participé à la Caravane nationale de la Décennie de la Femme lancée par le président Ali Bongo, puis en 2016 à la création d’une Plateforme associative regroupant différentes organisations féminines ayant les mêmes objectifs. Nous autres, femmes du Gabon, n’avons jamais battu le pavé pour revendiquer nos droits, mais nous nous regroupons entre femmes pour faire avancer des idées sur des sujets sensibles comme la lutte contre la polygamie. Ce qui est un vrai combat. Personnellement, je suis contre la polygamie même si elle est officiellement reconnue dans notre Code civil ! Il nous faut faire bouger les lignes et faire évoluer la législation en vigueur.
Et d’autres associations féminines agissent dans le même sens…
C’est exact. Le 10 mars dernier, d’autres associations se sont rapprochées de nous et du « Salon de la Femme » pour lancer des actions communes en faveur des droits des femmes. Et pour s’attaquer en priorité à plusieurs questions difficiles comme la question de la dot ou des violences faites aux femmes. La question de la dot pour les mariages coutumiers est officiellement interdite par la loi du 30 mai 1963, mais se pratique depuis couramment sans que les autorités ne fassent rien. Au lieu de laisser se perpétuer une pratique contraire à la loi, il conviendrait donc aujourd’hui d’autoriser la dot, mais de l’encadrer juridiquement. Nous nous attaquons également aux violences faites aux femmes pour les dénoncer et tenter d’y remédier. Malheureusement ancrées dans la tradition, ces violences commencent bien souvent dès la petite enfance et se poursuivent au cours de l’adolescence, où bien des jeunes filles sont harcelées par leurs professeurs et victimes de ce que l’on appelle au Gabon les MST ou « Moyennes sexuellement transmissibles ». Certains professeurs indélicats abusent ainsi de jeunes filles, qui cèdent à leurs avances en échange d’une réussite assurée aux examens. C’est devenu chez nous une pratique – hélas – courante. Pour faire reconnaître et respecter tous les droits des femmes, nous avons encore bien du travail.
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par Benjamin REVERDIT
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