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Leur rencontre, les membres de Kokoko la doivent aux fameux réalisateurs Renaud Barret et Florent de La Tullaye, fondateurs de la maison de production cinématographique La Belle Kinoise. Fascinés par ce nouveau courant artistique avant-gardiste qui explose dans les rues de Kinshasa, ils réunissent ces artistes performeurs en juillet 2016 autour d’un film en y associant le producteur de musique électronique français Débruit. “Nous avons ensuite décidé de poursuivre l’aventure”, explique ce dernier tombé sous le charme de cette créativité. C’est alors qu’est récemment né le collectif Kokoko, fusionnant la musique électronique de Débruit aux instruments faits maison de Dido, Boms et Bovic et à la voix de Makara.
En Lingala, Kokoko signifie “toc toc toc !” Une forme de cri de ralliement d’un nouveau courant qui souhaite tourner la page de la rumba congolaise régnant depuis 40 ans sur le pays. “Les artistes de rumba sont imposants et ne laissent pas la place à la nouvelle scène. Nous arrivons donc en force pour imposer notre style”. Le message est clair ! Les membres de Kokoko représentent cette nouvelle génération kinoise qui compte bien se faire entendre, au même titre que les Sapeurs Japonais qui prennent progressivement le relai des plus anciens.
“Tekno Kintueni” ou “Zagué Style” sont les termes qui définissent leur musique au Congo. En Europe, on parlera d’électro brute mêlée à un esprit punk. Mais peu importe le terme. Le moteur de Kokoko c’est la créativité libre dans un pays où la crise sévit et le système D prime. “C’est un mélange de toutes les musiques africaines”, explique le chanteur Makara. Ce dernier est issu du fameux lieu “Les Couloirs de Bercy” où il répétait sur des boucles de 40 minutes qui ressemblaient fortement à de la musique électronique sur lesquelles s’ajoutaient progressivement tous types de performeurs, comme des musiciens avec des instruments faits maison et des danseurs. Un courant novateur de plus en plus palpable dans les rues de Kinshasa. Une performance qui emporte, qui met en transe.
Peut-on parler d’Afro-futurisme ? Pour eux, non, même si leur musique a des aspects extrêmement novateurs. “Il n’y a pas de référence à un mouvement, il y a une grande créativité”.
Kokoko s’inscrit dans la lignée de Bebson, un rappeur kinois faisant lui-même ses instruments à partir d’objets de récupération. Sur scène, la créativité sans limite du collectif étonne chaque spectateur. Des boîtes de lait en poudre Nestlé sont utilisées comme caisse de raisonance, la batterie est composée d’un toaster, d’un portemanteau et de casseroles, etc. Et le résultat sonore est propre !
Mais quel est l’instrument le plus incroyable que le groupe ait conçu ? “C’est une harpe en forme de croix trop grande pour être transportée, plus proche d’une sculpture que d’un instrument. Elle a été appelée Jésus Crise en rapport avec la crise du pays et les églises évangéliques.” Car ce nouveau courant d’artistes kinois vit également la musique comme un engagement de tous les jours face aux difficultés que connaît le pays.
Actuellement en tournée en Europe, Kokoko ne cesse de fasciner. “Ca va vite ! Nous avons commencé à tourner en mai alors que nous n’avions pas sorti de morceau. Hier on jouait seul et aujourd’hui beaucoup de monde se déplace pour nous voir”. Leur succès est donc bien avéré sur le vieux continent. Un des recettes de cette réussite : un marketing pointu, accompagné d’une créativité brute et d’une énergie naturelle.
Mais qu’en est-il en Afrique ? “Pour l’instant nous n’avons pas tourné en Afrique. Nous commençons à avoir des demandes dans certaines villes comme Luanda, Kigali, Nairobi”.
Kokoko compte bien poursuivre sur sa lancée. “On va continuer à se mettre en contact avec des labels et travailler sur des plus grands formats de disque. En mars, nous irons peut-être tourner aux Etats-Unis”. L’idée est aussi d’étoffer le show en y ajoutant plus de performeurs de Kinshasa afin de le rendre encore “plus théâtral”.
Par Céline Bernath
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