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Faut-il croire les prophètes de malheur sur le Covid-19 en Afrique ?

Dérapages à la télévision, inquiétude des experts, préparation intense de la part des ONGs… Le monde ne cesse de se tourner vers l’Afrique en affirmant que le coronavirus va faire des ravages. Pour le moment, plus de 12 800 contaminations et environ 700 morts ont été recensées officiellement en Afrique. On est loin des 871 000 cas et 71 000 décès recensés en Europe. Un continent plus petit et supposé mieux équipé.

Dans une tribune du Point, le professeur spécialiste de l’Afrique Stephen Smith appelle à plus d’optimisme. Oui certains pays connaissent des faiblesses mais ils savent s’organiser.

Des faiblesses héritées du passé

Stephen Smith revient pour commencer sur les facteurs qui inquiètent concernant l’Afrique. Les ravages passés d’Ebola, ou du SIDA avant la mise en place de traitement efficaces par exemple. A côté des difficultés sanitaires, les difficultés économiques. La baisse du prix du pétrole dont dépendent certains pays exportateurs, la baisse des exportations africaines vers la Chine et le coup d’arrêt du secteur informel, prépondérant dans les économies africaines…

Autant de facteurs qui contribuent à l’alourdissement de la dette des pays africains, déjà endettés. Depuis 2012, le ratio dette-PIB de l’Afrique subsaharienne est passé de 30 % à 95 % à la fin 2019. Ainsi, de nombreuses personnalités dont Emmanuel Macron pensent aujourd’hui sérieusement à l’annulation de la dette des pays africains.

A lire aussi : https://www.amina-mag.com/emmanuel-macron-souhaite-annuler-les-dettes-africaines/

Il critique la solution toute trouvée du CAPS (Centre d’analyse, de prévision et de stratégie du ministère français des Affaires étrangères). Selon leur note du 24 mars, « il faut anticiper le discrédit des autorités politiques » et « accompagner en urgence l’émergence d’autres formes d’autorités africaines crédibles pour s’adresser aux peuples ». « Est ainsi proposé, ni plus ni moins, un échange standard par la France des pouvoirs en place en Afrique, qu’ils soient élus ou pas », dénonce Stephen Smith. Les populations connaissent mieux que personne les faiblesses de leurs gouvernements et donc comment y pallier.

L’art de la débrouille

Ainsi pour lui, le CAPS se trompe en noircissant le tableau. Les pays africains savent gérer les crises. Jeunesse, mesures prises très tôt, système de paiement dématérialisé, l’Afrique possède des avantages :

« Le Sénégal a annoncé la fermeture de ses écoles le 14 mars, alors qu’il n’y avait encore que 26 cas de coronavirus confirmés et aucun mort, soit deux jours après la France, où il y avait eu 2 876 cas positifs et 61 décès. Que le paiement électronique, sur le téléphone portable, est bien plus répandu en Afrique qu’en France, faute de comptes en banque et de cartes de crédit. Qu’en Afrique de l’Ouest, des dispositions sont prises comme la gratuité des paiements de facture et des frais de transfert de petites sommes, le relèvement du plafond de rechargement des porte-monnaie électroniques afin de permettre un usage encore accru du paiement sans contact par temps de pandémie. Enfin et surtout, qu’en dépit de tous ses handicaps, l’Afrique aura au moins l’atout de sa jeunesse pour affronter le coup dur à venir ».

© Luca Sola, AFP

Il décrit ensuite avec précision la situation à Dakar, où les habitants respectent les mesures de confinement, de distanciation sociale et les gestes barrières. En quelques semaines, les habitudes se sont adaptées pour riposter contre le covid-19. Et ce même si des comportements déviants apparaissent : stock de nourriture, fuite des capitaux, abandon de postes par les médecins etc. Comme dans chaque crise, les comportements sont contrastés, explique-t-il.

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Le temps des complots et des rumeurs

« Pour le moment, le plus grand danger en Afrique est le virus politique, les rumeurs folles qui courent pour mettre en cause des « étrangers », à chacun le sien » assure Stephen Smith. Dans une région où Whatsapp a pratiquement remplacé Internet, les vidéos et messages complotistes sont diffusés à la vitesse de l’éclair. Forces occultes, virus créé en laboratoire comme arme chimique, volonté d’annihiler les plus âgés de notre population… les rumeurs vont bon train.

De plus, ces rumeurs, ajoutées aux récents scandales comme celui diffusé par la chaîne LCI, alimentent des sentiments anti-français. Ceux-ci étaient déjà bien présents et s’exacerbent à chaque nouvelle polémique ou déclaration officielle concernant l’Afrique.

« L’Afrique n’est pas une périphérie de la périphérie. En tant que ministre de la Santé, je dis ici que ces propos n’engagent que leurs auteurs. Qu’on sache que l’Afrique n’est pas une poubelle. » avait déclaré le ministre sénégalais de la Santé. « Ni une boîte à fantasmes. » donc, conclut Stephen Smith.

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