samedi, juillet 27, 2024
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Culture

DESCENDUE DU CIEL

Devant mille personnes dans un opéra de Janacek. Les lumières, l’émotion immense du rôle.

Est-ce qu’un jour (enfin), on cessera de leur poser cette question qui n’a rien à voir avec la musique ? Comme si la voix (ou le pinceau) avait une couleur de peau. Axelle Fanyo s’en est rendu compte dès ses débuts. A son premier concours, elle était finaliste et très fière. « Quand je suis venue demander leur avis au jury, l’un d’entre eux m’a simplement dit que c’était bien, mais que je devais choisir d’autres rôles. Vous voyez quelque chose comme Tosca, c’est plus exotique, là ça passe mieux, ça dérange moins…” ». Elle a préféré ne rien répondre.

Dans un reportage que lui consacrait France 2, la jeune soprano d’origine togolaise et antillaise revient sur ces années. Les grandes voix du blues entre autres qu’elle écoutait avec sa mère, et l’exemple de Nina Simone, pianiste classique de formation, et qui s’était vue interdire le Conservatoire. « Bien sûr, ça a changé, mais ça montre bien que le classique a été un monde très fermé. » Elle le dit au passé… et préfère souligner ce qu’elle ressent quand elle est sur scène. C’était le cas à Caen et Dijon, devant mille personnes dans un opéra de Janacek. Les lumières, l’émotion immense du rôle.

“Pas dans le chœur, au milieu des autres, mais seule sur la scène, chanter.”

De la banlieue à Carnegie Hall
Le déclencheur ? Elle souligne le rôle de son père, qui l’a soutenue à chaque instant de ses études ; et puis cet instant mythique, 14 juillet 1989, « quand Jessie Norman chante la Marseillaise. C’est elle qui me convainc totalement que c’est ça que je veux, pas dans le chœur, au milieu des autres, mais seule sur la scène, chanter. » Et pour cela, il faut aller dans la plus grande discipline, se plier aux exigences du conservatoire. Quinze années d’une précision quotidienne pour aborder enfin les rôles qui la fascinent. Rossini, Wagner, Purcell, Mozart, et une reconnaissance qui se confirme. « Tellement rare, souligne son ancien prof de violon, pour une élève sortie de la banlieue. »

Quand on lui pose la question, David Stern, le fils du violoniste Isaac, se souvient de leur première rencontre. Il dirige une fondation qui aide de jeunes talents, et sa conviction a été immédiate : « On était transplantés, cette voix, ce velouté, et tout de suite, c’est le potentiel qui nous est venu. Potentiel. Parce qu’elle a une voix si jeune. Tout ça va grandir, grandir…»

Il y a quelques semaines, Axelle Fanyo était à New-York, venue suivre un cours avec Renée Fleming, la soprano américaine. Une semaine dans Carnegie Hall, au contact de l’une des plus grandes voix de l’époque. Grandir, encore grandir.

Roger Calmé
Photo DR

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