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Ce projet je l’ai mûri depuis quelques années et je le réalise aujourd’hui avec l’Agence multiculturelle Hopscotch Africa, en charge de l’organisation du Pavillon des Lettres d’Afrique. Si on veut relier les hommes et participer à l’éducation de nos enfants, il faut introduire la connaissance des différentes cultures. Je pense que la littérature est un véritable vecteur de paix. J’ai été en charge de l’organisation et de la mise en place du Stand Livres et Auteurs du Bassin du Congo durant 7 ans lancé à l’initiative des Dépêches de Brazzaville. Et après avoir sillonné les différents salons littéraires organisés dans certains pays africains, je suis partie du constat qu’il y avait une véritable « pénurie » de visibilité des auteurs africains en Europe et même à l’international.
Très peu médiatisés certains auteurs restent dans l’ombre sans qu’on ne s’aperçoive de la qualité de leurs œuvres. Le Pavillon des lettres d’Afrique est né de l’ambition de fédérer les pays africains et de les accompagner dans la promotion de leur littérature au-delà du continent. Mais aussi de la volonté de mutualiser les différentes manifestations culturelles et littéraires pour les faire connaître au public et à la presse internationale.
L’absence d’un cadre d’accompagnement pour la politique de promotion et de diffusion en Afrique est une vraie problématique.
Ce concept a aussi une ambition éducative auprès du jeune public : pouvoir inculquer très tôt à la jeunesse l’amour de la lecture et de l’écriture. Le livre comme outil de lutte contre l’obscurantisme est un de nos fers de lance.
Cette année c’est une programmation riche qui attend le public avec quelques accents sur cette jeune génération d’écrivains sans oublier ceux qui ont fait l’histoire de la littérature africaine.
En ce qui me concerne, tous les auteurs sont phares et ont une légitimité sur le salon. Nous allons inviter des écrivains incontournables comme Alain Mabanckou, Fatou Diome, Sami Tchak, Henri Lopes, Felwine SARR, Véronique Tadjo…et même un Prix Nobel de Littérature en la personne de Wolé Soyinka. J’ai néanmoins quelques coups de cœurs parmi de jeunes auteurs qu’il faut encourager car ce sont eux qui raconteront notre histoire.
On ne peut rien exprimer sans les mots, donc la littérature reste le meilleur vecteur d’expression qui reste avec le temps. Les thématiques sont éclectiques. On a essayé d’introduire un maximum de sujets. On évoquera l’entreprenariat, l’art en Afrique dans sa pluralité, les femmes, le numérique, la paix et la sécurité en Afrique, et quelques morceaux de géopolitique pour ne citer que ceux -là. Nous aborderons tous les sujets qui contribuent à la croissance et à l’émergence de l’Afrique. Parler pour comprendre, comprendre pour avancer.
De la tradition orale on est passé à une tradition écrite qui a donné un essor considérable à la littérature africaine, même si cette dernière est longtemps restée en marge. La fonction d’auteur n’a pas toujours été reconnue aux Africains. Cette vision de l’Afrique correspond à un regard plus global sur le continent, d’une Afrique hors du monde, hors de l’histoire. L’Afrique, berceau de l’humanité, est une Afrique de diversité culturelle qui nourrit cette richesse littéraire et qui attend de se faire comprendre.
Longtemps marquée par la Négritude et l’engagement politique, la littérature africaine semble opérer une mutation radicale. Des auteurs, nés après les indépendances, revendiquent un art qui ne parle pas seulement d’Afrique mais du monde, des nouveaux combats à mener. Je citerais dans ce sens Fatou Diome avec son œuvre marquante « le ventre de l’Atlantique » qui évoque la triste réalité de l’immigration.
Malheureusement la littérature Africaine reste très peu visible et très peu vendue hors du continent sauf pour ceux qui évoluent à l’international et qui représentent seulement une minorité.
Il nous revient donc de nous mobiliser tous ensemble et de renverser les choses. La mondialisation ouvre les frontières. Elle ne doit pas ouvrir seulement les frontières pour la langue, les transactions économiques, elle doit aussi permettre la libre circulation d’œuvres littéraires et le partage des cultures.
Ce sont ces petites actions qui permettront de voir émerger et de faire connaitre en France et ailleurs de plus en plus d’auteurs du continent.
Etre écrivain en Afrique a été longtemps réservé au genre masculin, dans cette société dite patriarcale et traditionnelle qui scolarisait très peu les filles et n’offrait aux femmes qu’un rôle social souvent réduit aux tâches domestiques, les excluant de toute scène publique. Malgré tout, on peut affirmer que les écrivaines africaines anglophones et francophones ont depuis longtemps investi tous les genres littéraires. Mais leur production a souvent été relayée au second plan.
Aujourd’hui elles sont visibles et depuis quelques décennies on assiste à une émergence des écrivaines africaines qui offrent un panel d’œuvres de qualité. Elles n’ont d’ailleurs à ce titre plus grand-chose à envier à leurs pairs masculins puisque leur marginalité s’estompe et qu’elles obtiennent la reconnaissance de grands prix littéraires comme Calixthe Beyala ou Marie Ndiaye. Elles sont une inspiration, un modèle pour la nouvelle génération.
J’attends de cet évènement qu’il ouvre les frontières littéraires. Que les auteurs africains confortent leur notoriété et leur visibilité au-delà du continent. Cela permettra de démocratiser la littérature pour la rendre accessible à tous. Chaque pays présent pourra mettre en avant les évènements littéraires qu’il organise et partager sa culture pour inspirer et mutualiser les actions. J’en profite pour remercier très sincèrement le Ministre de la Culture de Côte d’Ivoire Maurice Bandaman qui défend ce projet avec engagement en tant que chef de file, ainsi que notre partenaire Sébastien Fresneau, Directeur du salon « Livre Paris » qui met toute son énergie à la bonne réalisation de ce beau projet en nous offrant toute la visibilité nécessaire sur le Salon.Nous voulons crédibiliser le travail des éditeurs africains afin qu’ils puissent commercialiser aussi leurs livres en occident, les accompagner pour mieux assurer toute la chaîne de production littéraire. Seul on va vite mais ensemble on ira encore beaucoup plus loin.
Par Céline Bernath
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