dimanche, septembre 8, 2024
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Myrelingues au féminin de Jessica Barre

Ecrire la partition d’un sujet très demandé !

Myrelingues au féminin est un ouvrage sur les compositrices de musique classique ou savante liées à l’Afrique et aux Antilles commencé de longue date par Jessica Barre (le projet Myrelingues existe depuis 2014. Ce sont des circonstances personnelles et une période de convalescence «  l’écriture qui distrait des traitements et qui donne la force d’avancer » qui ont accéléré l’écriture des dernières pages et permis l’édition de l’ouvrage au printemps. Consacré à un sujet peu abordé à double titre, les compositrices de musique et la création classique issue de la Martinique et de l’Afrique, l’ouvrage explore donc en pionnier un domaine avec des réflexions, des entretiens, des partitions, le portrait synthétique de 68 compositrices souvent loin des feux de la rampe. Une des idées premières était de démontrer qu’il existe des compositrices, anciennes et contemporaines pour démystifier cette idée que les femmes antillaises ou africaine n’ont pas leur place dans ce domaine de la haute culture.

L’ouvrage ne vient pas seul et il fait suite à plusieurs collaborations antérieures de Myrelingues qui ont permis des créations musicales. Dans sa conclusion, l’ouvrage bien sûr ne prétend pas à l’exhaustivité.  Et il est intéressant de voir comment depuis même sa parution il a accéléré certaines dynamiques de création : la parution du livre a coincidé avec la finale de la 3e édition du concours Africa Lyric Opera pour laquelle éctait écrite une pièce Les larmes de la joie en lingala de la jeune compositrice Helfi Miaka de RDC marrainée par Marybel Dessagnes. La pièce ambitieuse, en version chant piano et version voix et petit orchestre a enchanté la cantatrice Fé Avouglan qui s’est emparé de la pièce et souhaite la donner en récital à Turin en Italie. Parallèlement, cette aventure a convaincu le conservatoire de Kinshasa de créer une structure qui favorise le cursus des étudiantes en composition ! Parallèlement, Myrelingues a contribué à l’orchestration de 3 chants sur des thèmes collectés par la compositrice Leona Gabriel sur le thème de l’esclavage pour que le chœur international de L’Unesco pour deux concerts dont un à la Maison de la Radio et se prépare d’ores et déjà un projet avec la compositrice sud-africaine Jeanne Zaidel Rudolph.

Cette activité donne envie de se plonger dans le parcours d’autres compositrices déjà complices de Myrelingues comme Errolyn Wallen, Cynthia Cozette Lee, Maiotte Almaby, Jessie Montgomery et bien d’autres.

Est-ce que les compositrices abordées dans l’ouvrage sont de jeunes créatrices qui attendent d’être mieux connues ?

Pas seulement, certaines très talentueuses vont gagner en notoriété mais l’ouvrage rend justice à des compositrices très anciennes comme la cubaine (esclave émancipée) Teodora Gines 1530-1598). On se rend compte également que certaines compositrices sont beaucoup plus célèbres et mises en évidence dans le milieu anglo-saxon comme Jessie Montgomery qui a reçu le Grammy Award 2024 de la meilleure composition classique.

Existe-t-il de grandes compositrices afroaméricaines à l’instar des grandes cantatrices ?

Il existe une grande figure en Amérique qui est reconnue grâce à la redécouverte récente de partitions, il s’agit de Florence Price1887-1953) mais elle n’est pas seule et on redécouvre des créatrices qui ont eu leur quart d’heure de gloire avant que les années 30 étouffent un peu cette créativité. Certaines ont composé tôt des opéras qui ont été joué à Boston ou New York, le top des scènes classiques.

En France ?

On sous-estime à mon sens l’épisode de la biguine qui bouillonne à Paris avec un retentissement mondiale, on fabriquant une matrice de l’identité noire libre musicale. Et on ignore généralement que les sœurs Nardal ont eu une grande culture musicale et ont composé elles-mêmes aux côtés de femmes que Joséphine Baker, Maiotte Almaby diplômée du conservatoire, Léona Gabriel ou Shirley Graham DuBois de passage à Paris et membre du New Harlem Renaissance. C’est un mouvement dans lequel les femmes jouent un rôle important et qui mérite d’être plus mis en avant.

Et en Afrique ?

Les choses bougent rapidement. Je cite le rdv récent Akojopo au Nigéria consacré à la création contemporaine et qui s’efforce de faire une place aux créatrices. Le cas d’Helfi Miaka en rdc est exemplaire. La rencontre avec Marybel Dessagnes pour préparer l’œuvre imposée d’Africa Lyrics a été très riche humainement. Un des enjeu xest de passer d’un horizon presque autodidacte à la diffusion d’expression personnelles de ces créatrices et cela fonctionne et cela évolue vite. Il est aussi intéressant de voir la création de pièces qui utilisent des langues africaines comme le Lingala ou le Yoruba…

Quelles sont les autres caractéristiques de ce domaine ?

Je suis frappé par l’implication à différents niveaux de l’implication de nombreuses femmes et de l’esprit de sororité. Je pense à Patricia Djomse (Women of africa), Chi-Chi Nwanoku (Chinecke !), Rebecca Omordia et bien d’autres. Peut-être est-ce pour cela que ce domaine me semble demeurer « bienveillant » au-delà des enjeux.

Avez-vous des goûts ou sensibilités plus personnelles ?

Je suis très sensible à une mélodie traditionnelle de Leona Gabriel qui a été réorchestrée Ba ich Mwen (Pour toi mon petit garçon) et qui est quelque part un clin d’œil à mon propre fils. Je suis persuadé que les créatrices, sur certains sujets, que ce soit la maternité ou tout simplement la vision de la vie ont aussi des choses très originales à dire…

Jessica Barre, issue d’une famille martiniquaise qui célèbre la peinture, l’écriture et la musique, investie dans les domaines de la formation, du conseil et de l’interculturalité, elle s’implique dans plusieurs projets comme Impressionnantes, le média Françaises ethniques et la structure Pointe Noire et Chocolat. Jessica Barre est présidente fondatrice du projet Myrelingues (Musique classique, Afrique et Caraïbes) notamment lauréat du programme Diaphonique.

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