L’albinisme est une maladie génétique héréditaire qui affecte les personnes dans le monde entier, sans égard à la race ou à l’origine ethnique. Sur le continent Africain, cette maladie est source de lourdes discriminations pour les personnes qui en sont porteuses. Ces dernières vivent sous la menace d’être mutilées, violées ou tuées à cause de pratiques rituelles sensées apporter le succès ou la richesse. Ikpowonsa Ero, Nigériane souffrant elle-même d’albinisme, est une juriste qui lutte pour le respect des droits des albinos pour le compte de l’ONU. Son dernier rapport consacré au Malawi et adressé au Conseil des droits de l’homme tire la sonnette d’alarme.
Le Malawi compte quelque 10 000 personnes souffrant d’albinisme. Depuis 2014, la police nationale a répertorié près de 65 cas d’attaques, d’enlèvements ou d’assassinats impliquant des victimes albinos. Cette “chasse à l’homme” est à l’origine d’un véritable marché clandestin aux niveaux national et régional, et ce, à des fins de sorcelleries ou de médecine traditionnelle. “En ce moment, la plupart des lois internationales ou nationales traitent des parties du corps qui sont des organes et/ou des personnes entières. Même le protocole international sur la répression de la traite des personnes parle des organes et des personnes. Mais pour les personnes vivant avec l’albinisme, ce ne sont généralement pas les organes, ce sont les membres, les cheveux, les doigts. Donc il faut trouver une écriture juridique permettant la dissuasion de tels crimes.” déclare Ikpowano Ero.
En 2015 déjà, l’ONU mettait en garde le Malawi, la Tanzanie, le Burundi, le Mozambique, ainsi que l’Afrique du Sud, contre la montée des violences contre les albinos. Dépêchée au Malawi en 2016, Ikpowonsa Ero émettait le constat suivant : “la situation des albinos constitue une urgence, une crise inquiétante, vu ses proportions. C’est un groupe en danger menacé de disparition méthodique si rien n’est fait pour mettre un terme aux atrocités”.
Auzouhat Gnaoré