L’heure du bilan
C’est en 2000 à Dakar que 164 gouvernements deviennent signataires de l’engagement global du mouvement de « l’Education pour tous » visant à assurer une éducation de base et de qualité pour tous les enfants, jeunes et adultes. Le 9 avril dernier, l’UNESCO a publié le rapport établissant le bilan des actions menées par les pays signataires quand à cet engagement.
Malheureusement, le continent africain reste le mauvais élève de ce projet international. En effet, seul un tiers des pays en développement sont parvenus à réaliser les objectifs engagés par le mouvement, et aucun d’eux n’est africain. Et des seize des vingt pays en fin de classements sont africains. 30 millions d’enfants, majoritairement des filles, ne sont pas scolarisés sur le continent. Néanmoins le Rwanda, Sao Tome et Principe, le Burundi, le Cap Vert, Maurice, la Tanzanie et la Zambie se distinguent tous de même, forts de leurs efforts engagés pour l’accès à l’éducation pour tous.
Ces résultats doivent malgré tout être relativisés. En 2000, les pays africains avaient un taux de scolarisation primaire inférieur à 60% contre 80% en Amérique Latine et 90% en Asie du Sud Est et de l’Est. De plus, le fait que l’Afrique est le continent qui enregistre la croissance démographique la plus rapide, mérite d’être pris en considération. Les crédits consacrés à l’éducation y ont assurément progressé davantage que dans le reste du monde. Au Ghana, ils représentent un tiers des dépenses budgétaires. Au Burundi, en Ethiopie, au Kenya, en Tanzanie, par exemple, les frais de scolarité ont été supprimés dans le primaire. Ces efforts n’ont en aucun cas été fournis grâce par les bailleurs de fond et autres aides internationales dont l’apport en aide est passé de 41% à 31%.
Toutefois cette politique du chiffre a souvent pour conséquence une perte en qualité de l’enseignement, toujours selon l’UNESCO. L’organisation met notamment en cause la formation d’instituteurs recrutés en masse. Ce qui a pour conséquence un recours irrémédiable aux écoles privés. Ces dernières ne cessent de foisonner, répondant ainsi à une forte demande sociale face aux lourds manquements du système publique.
Par Auzouhat Gnaoré