Isahit est une plate-forme online socialement responsable qui met en relation des travailleurs défavorisés des pays d’Afrique francophones et des entreprises françaises cherchant à externaliser une partie de leurs activités digitales. L’opportunité pour des femmes africaines vivant sous le seuil de pauvreté de se faire un complément de revenu afin de développer un projet ou leurs compétences.
A l’origine de ce projet social innovant : Isabelle Masholaa, ex DSI de Publicis, et son mari. Isahit propose un type de travail flexible et à la demande qui répond aux besoins de femmes au foyer, de jeunes étudiantes boursières ou jeunes entrepreneurs des pays africains francophones. Payées à la tâche, les travailleuses d’Isahit s’engagent à réaliser une série de petites besognes que des logiciels ne feraient pas assez bien automatiquement. Par exemple, modérer des commentaires sur Internet, standardiser la présentation de numéros de téléphone sur des fiches clients, ou décrire des images par des mots pour les indexer.
Aujourd’hui installée dans cinq pays d’Afrique francophone, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Congo et le Sénégal, son équipe suit de près ses travailleuses afin d’éviter que cette plateforme devienne une machine à précarité. « Nous suivons le parcours de nos “hiteuses” et tenons à ce que l’argent gagné sur notre plate-forme vienne financer un projet ou une montée en compétence », assure Isabelle Mashola. Souhaitant sélectionner et suivre scrupuleusement afin d’assurer son objectif de lutte contre la pauvreté, la plateforme ne compte pour le moment que seules 33 « hiteuses ». « Elles sont testées afin de savoir sur quelles tâches elles sont le plus à l’aise et leur proposer des missions en conséquence, nous ne voulons pas qu’elles travaillent toute la journée sur la plate-forme », explique la fondatrice. Isahit prête smartphone et tablette aux « hiteuses » qui ne sont pas équipées. Elles peuvent se connecter à Internet en s’installant dans des Fab Lab partenaires de la start-up.
Un principal objectif : offrir aux travailleurs un revenu 10 fois supérieur au seuil d’extrême pauvreté, en passant de 2€ à 20€ par jour. Grâce à ce revenu, un HITer a quatre fois plus d’impact sur l’économie du pays et sa population. Ce revenu supplémentaire permet, pour le worker, d’améliorer les conditions de vie de sa famille, de générer de la croissance par la consommation et de créer des synergies de revenus supplémentaires.
Ainsi, la fondatrice est convaincue que « Le numérique jouera un rôle central dans le développement du continent Africain. L’accès au numérique favorise la croissance du PIB et les observateurs constatent qu’il s’agit d’un levier majeur dans l’amélioration des conditions de vie des populations. Isahit a pour ambition de donner du travail à plus de 10 000 workers d’ici quatre à cinq ans dans les pays émergents et d’avoir ainsi un impact social sur ces dizaines de milliers de familles en Afrique dans un premier temps, mais aussi en Asie.».
Un paris osé mais pertinent qui compte bien participer à la lutte contre la pauvreté et à l’émancipation de la femme africaine.
Par Céline Bernath