Diaryatou Bah, ambassadrice de la campagne «Alerte excision»

Excisée à 8 ans en Guinée, mariée de force à 14 ans, Diaryatou Bah est devenue ambassadrice de la campagne “Alerte excision” menée par l’association “Excision parlons-en”. Son objectif : militer contre les mutilations sexuelles et appelle les hommes à témoigner 

A l’approche de l’été, la campagne “Alerte excision” prend tout son sens. Elle consiste à préparer les adolescentes qui partent en vacances dans leurs pays et risquent d’être amenées à être excisées selon la tradition.
Ambassadrice de cette campagne, Diaryatou Bah a elle-même vécu ce sort. En 2006, elle publie un livre intitulé “On m’a volé mon enfance” pour dénoncer la pratique de l’excision. Elle revient sur ses jeunes années en Guinée et parle de son expérience, ainsi que de son mariage forcé à l’âge de 14 ans avec un homme de 30 ans son aîné. Après de difficiles années aux Pays-Bas et en France avec un mari violent, elle décide de quitter cette vie au bout de quatre ans de mariage, et ce aidée par des associations. Elle crée elle-même son association, “Espoirs et combats de femmes”, dans le but de lutter contre le mariage forcé et les mutilations génitales féminines.
En Guinée, aujourd’hui, 90% des femmes sont excisées. En 2008, Diaryatou se rend d’ailleurs sur place pour lancer une campagne de sensibilisation à ce sujet. “Chez nous on pense que c’est normal, c’est ancré dans la tradition”, explique-t-elle sur Arte. Et d’ajouter “Le crie qu’on pousse ce jour là est un cri qu’on n’oublie jamais”.
Aujourd’hui mère, elle a pardonné et se dit “apaisée”: “Je suis une victime mais ma famille, comme beaucoup de familles africaines, a hérité de ces traditions. C’est à la racine qu’il faut combattre l’excision, le mariage forcé, par l’éducation pour casser l’ignorance et offrir le choix aux prochaines générations.”
Pour elle, “c’est tout un phénomène qu’il faut attaquer”.
Pour les futures campagnes contre l’excision, elle aimerait impliquer davantage les hommes: “Eux aussi doivent s’engager en racontant comment c’est d’être avec une femme qui a été excisée, qui n’a pas de plaisir, qui ne connaît pas son corps”, plaide-t-elle.
 
Par C. B.
 

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