Rebecca Kabugho, membre du mouvement lutte pour le changement en RDC (LUCHA), s’est vue décerner le prix du courage féminin le 29 mars dernier. Après avoir séjourné en prison pour « tentative d’incitation à la révolte » et connue pour sa détermination, cette militante de 22 ans est la première Congolaise et la plus jeune femme à recevoir cette distinction depuis sa création par l’Administration Obama en 2008.
Le prix du courage féminin du département d’État américain » reconnaît chaque année des femmes du monde entier qui ont fait preuve de leadership et d’un courage exceptionnel dans la promotion de la paix, de la justice, des droits de l’homme, de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes, souvent au coût de grands risques personnels « .
Dans sa présentation, le sous-secrétaire d’Etat américain chargé des affaires politiques, Thomas A. Shannon a évoqué les mois passés en prison par Rebecca Kabugho, « l’un des plus jeunes prisonniers d’opinion du monde » : « Rebecca a joué un rôle clé dans une série de manifestations pacifiques et non violentes demandant au gouvernement congolais de tenir des élections crédibles en 2016, comme l’exige la constitution congolaise. Lors de sa libération en 2016, elle est apparue comme une voix exigeante pour la réforme démocratique et le changement social. Rebecca est honorée pour son leadership visionnaire, son engagement à introduire un changement positif à travers la non-violence, et pour se lever pour améliorer la vie des défavorisés dans son pays », a-t-il déclaré.
C’est alors la Première Dame des Etats-Unis, Melania Trump, qui a été chargée de remettre ce prix à la jeune Congolaise qu’elle a reçu avec une grande humilité : « C’est avec humilité que je reçois ce prix. Je le dédie à toutes les femmes congolaises qui font preuve, chaque jour, d’un courage extraordinaire pour survivre et faire survivre leurs familles, souvent dans des situations sécuritaires et économiques extrêmes ». Pour la militante, ce prix symbolise la nécessaire persévérance dans le combat mené par la LUCHA.
Née à Goma, le 04 septembre 1994, Rebecca avait déjà fait parler d’elle après avoir passé plusieurs mois en prison entre 2015 et 2016 pour « tentative d’incitation à la révolte ». Elle avait été arrêtée en février en compagnie de ses camarades de la LUCHA lors d’une grève générale décrétée par l’opposition. Elle avait été libérée en juillet à la suite d’une grâce présidentielle accordée à moins d’un mois de la fin de sa peine.
En dépit de son jeune âge, elle n’a jamais hésité avant de participer à une manifestation. Elle a été sur tous le fronts, et aujourd’hui elle poursuit son combat. D’ailleurs, si être militant en RDC est dangereux, être militante l’est encore plus. La RDC a été classée 149e sur 155 pays dans l’indice d’inégalité de genre de l’ONU de 2014, notamment pour le manque de représentativité et le statut économique des femmes. Aujourd’hui, la détermination des femmes de la Lucha reste pourtant inchangée, malgré un contexte complexe.
Par Céline Bernath