Le 2 décembre 2025, Chanel a transformé le métro new-yorkais en podium pour présenter son défilé Métiers d’art 2025/26, premier exercice du genre signé par Matthieu Blazy à la tête de la maison. Entre hommage à Gabrielle Chanel, clin d’œil à l’histoire de la griffe avec New York et déclaration d’amour aux ateliers d’art, le show a proposé une vision ludique et ultra-couture de la ville qui ne dort jamais.
Un quai de métro devenu salon de couture
Chanel Métiers d'Art 2026 - Copyright Chanel
Le rendez-vous était donné station Bowery, dans le Lower East Side, où un quai désaffecté a été métamorphosé en décor de cinéma : tourniquets, panneaux de signalisation, bancs métalliques, panneaux lumineux comme autant de cadres pour les silhouettes. Le thème : une ligne fictive, la “C Line”, qui fait circuler l’imaginaire Chanel dans les entrailles de Manhattan, au croisement du quotidien new-yorkais et de l’élégance parisienne.
Ce choix prolonge la longue histoire d’amour entre Chanel et New York, depuis les premiers voyages de Gabrielle Chanel dans les années 1930 jusqu’au défilé “Paris–New York” au Met en 2018. En s’installant là où toutes les classes sociales se croisent, la marque revendique une mode “sans hiérarchie”, qui glisse du pavé au tapis rouge sans perdre son panache.
La première Métiers d’art de Matthieu Blazy
Ce défilé marque le premier chapitre Métiers d’art de Matthieu Blazy, nommé directeur artistique de Chanel en 2025, très attendu sur ce terrain où se joue la rencontre entre héritage et expérimentation. Sa réponse est une collection narrative, peuplée de personnages : journalistes des années 1970, businesswomen 80’s, héroïnes de comédies romantiques et New-Yorkaises pressées filant au bureau en tweed et baskets couture.
Blazy convoque la mémoire des voyages américains de Gabrielle Chanel en 1931 et la filtre à travers un prisme pop et cinématographique, avec une mode pensée pour vivre “en mouvement”, dans le flux de la ville. La silhouette, souvent allongée et dynamique, donne au tweed une légèreté nouvelle.
Tweeds new-yorkais et fantaisie maîtrisée
Chanel Métiers d'Art 2026 - Copyright Chanel
Sur le podium, les codes Chanel se frottent à l’iconographie de Manhattan : vestes en tweed éclairées de motifs léopard, tailleurs aux lignes nettes, robes ombrées qui rappellent les lumières de la skyline, jupes à franges évoquant les gratte-ciel comme l’Empire State Building. Les couleurs oscillent entre noirs profonds, beiges et blancs signatures, ponctués de rouges signalisation, de jaunes taxi et de verts métro, comme autant de clins d’œil au décor environnant.
Les accessoires prennent des accents ludiques : minaudières et sacs animaliers perlés, chaussures Massaro pensées pour trotter d’un rendez-vous à l’autre, bijoux qui rejouent la signalétique urbaine à coups de chaînes et de strass. Cette fantaisie assumée reste arrimée à une construction ultra-soignée, rappelant que derrière chaque pièce se cache le savoir-faire des brodeurs, plumassiers, paruriers et modistes des Métiers d’art.
Les métiers d’art au cœur du récit
Comme toujours pour cette collection, le propos est autant de montrer les vêtements que les mains qui les fabriquent : broderies d’une densité presque joaillière, plumes travaillées en textures abstraites, tissages de tweed d’une finesse aérienne, chapeaux et accessoires sculptés comme de petites architectures. Chaque silhouette devient une vitrine des ateliers partenaires de Chanel, de Lesage à Lemarié, en passant par les bottiers et plisseurs, dont les techniques trouvent ici un terrain de jeu urbain.
La mise en scène du défilé, pensée comme un voyage sur une ligne de métro imaginaire, renforce cette idée de circulation : celle des inspirations, des techniques et des savoir-faire entre Paris et New York, entre tradition et innovation. Dans un marché du luxe obsédé par la nouveauté, Chanel rappelle ainsi que la modernité se construit à partir du geste, du temps long et d’une communauté d’artisans que la maison érige en véritables co-auteurs.
Un front row cinq étoiles
Chanel Métiers d'Art 2026 - Copyright Chanel
Au premier rang, célébrités et amis de la maison – dont A$AP Rocky et Margaret Qualley, stars des dernières campagnes Chanel, mais aussi actrices et musiciens new-yorkais – ont renforcé le caractère hollywoodien et pop de ce chapitre américain. L’événement s’accompagnait d’un film signé Michel Gondry et d’un faux journal, La Gazette, prolongeant l’univers de la collection au-delà du podium, comme si l’histoire pouvait continuer dans le sac des invités.
En choisissant le métro new-yorkais pour célébrer les Métiers d’art, Chanel signe une déclaration de principe : la haute couture peut descendre sous terre sans perdre son aura, à condition de rester fidèle à ses artisans et à une vision de la mode exigeante et vivante.
