Disparition de Malick Sidibé : L'Afrique perd une icône de la photographie

Le Mali, mais aussi l’Afrique entière, vient de perdre une icône de la photographie. C’est le 14 avril, à Bamako, que Malick Sidibé, alors âgé de 80 ans, s’est éteint. Mais, il laisse derrière lui une série de photographies qui témoignent d’une époque : celle de l’insouciance, de l’espoir et de l’effervescence de la société malienne après l’indépendance. Les nombreux hommages qui lui sont rendus sont la preuve de son aura, mais aussi de la place emblématique de son oeuvre. 

De la photographie reportage aux portraits 

Après des études de dessin et de bijoutier à l’école des artisans soudanais (devenu Institut National des Arts de Bamako) à Bamako, Malick Sidibé entre au studio « Photo service » de Gérard Guillat-Guignard avec qui il apprend la photographie, dès 1955.

En 1962, il se lance dans sa passion et ouvre son studio à Bamako, dans le quartier Bagadadji où il restera toujours. Il se spécialise d’abord dans la photographie de reportage, notamment dans les soirées de jeunes de la capitale malienne. Dans les années 1970, il se tourne davantage vers les portraits réalisés en studio. Ce lieu attire son lot de clientèle régulière. “Le studio, ça marchait les jours de fête. Je pouvais faire trois heures de temps arrêté devant le trépied. J’avais mon petit qui était à la porte qui faisait les réceptions, qui écrivaient les noms”, racontait-il, et tout ça jusque “vers une heure, au milieu de la nuit”.

Une autre de ses spécialités : les femmes prises de dos, qu’il reprendra à la fin des années 1990.


Le témoin de l’émancipation de la société malienne

“Témoin de l’effervescence de l’indépendance de son pays, parmi les jeunes gens épris de musique, Malick Sidibé a photographié les fêtes et les joies à Bamako”, a souligné la ministre française de la Culture Audrey Azoulay. En effet, à travers ses photographies de reportage, notamment dans les soirées de jeunes de la capitale malienne, mais aussi au bord du fleuve Niger, il immortalise une époque emblématique de son pays.

Puis, avec ses nombreux portraits pris dans son studio (Studio Malick) au cours des années 1950 et 1960, il avait livré un travail remarquable sur une période phare de l’Afrique, à savoir celle de l’émancipation, de l’insouciance et de l’espoir en l’avenir.


Une renommée internationale

Les premières Rencontres Africaines de la Photographie à Bamako en 1994 permet au photographe d’accroître sa popularité. Il expose alors dans des galeries en Europe, aux États-Unis et au Japon. En 2003, il est le premier Africain à recevoir le prix international de la Fondation Hasselbald. Le 10 juin 2007, il reçoit un Lion d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière à l’occasion de la 52e Biennale d’art contemporain de Venise. Il est également courroné par le prix PhotoEspana Baume & Mercier en 2009 pour ses portraits, dans la catégorie Arts and Entertainment.

Par Céline Bernath

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