Du West End à Broadway, Cynthia Erivo est une grande habituée des planches où elle fait résonner sa voix dans des comédies musicales comme La Couleur Pourpre (The Color Purple). Aussi connue à l’écran pour son rôle d’Harriet Tubman – militante engagée dans la lutte contre le racisme et l’esclavagisme – , dans le film éponyme, c’est aujourd’hui dans la peau d’Aretha Franklin, qu’elle adule depuis l’enfance, que Cynthia Erivo se révèle à travers une performance vibrante.
Une persévérance sans faille
Si la série nous fait voyager entre le présent et le passé à travers des flashbacks de son enfance, nous sommes, dès le premier épisode, directement projetés dans ce moment pivot de sa vie artistique où Aretha Franklin est en quête de son premier hit. Et cette frustration de l’artiste qui ne cesse d’essayer sans jamais ne sembler réussir est palpable. Cynthia Erivo en cela opte pour une interprétation incarnée. Cette Aretha ne se met pas en colère, elle ne perd pas son sang-froid, elle est concentrée. Assise à son piano, elle sait ce qu’elle veut : trouver le son exact qui lui ressemble.
Dans cette scène d’enregistrement de son premier hit, on est véritablement au cœur de la musique. On cherche avec Aretha. On est inquiet aussi un peu comme les musiciens de savoir si ce qu’ils jouent est ce qu’elle souhaite. Tout cela est tenu par une main de maître, celle d’Erivo à travers qui se révèle cette personnalité hors du commun qu’était Aretha Franklin.
« Montrer au monde qu’il y a du génie chez les femmes noires, que nous avons du génie, qu’il y en a eu plein et qu’il y en aura encore, c’est vraiment quelque chose de très spécial. Je suis vraiment heureuse de faire partie de l’histoire d’Aretha. De raconter tout ce qu’elle a dû surmonter pour créer la musique que nous écoutons – une musique universelle – sans cesser de militer pour l’égalité. » Cynthia Erivo
La souffrance d’une femme
Si dans ces deux premiers épisodes, l’intrigue ne se focalise pas sur le militantisme d’Aretha Franklin qui arrive plus tard dans sa destinée, on y découvre cependant le sujet de la violence conjugale dont elle a souffert pendant de nombreuses années. Encore une fois Cynthia Erivo nous trouble à travers une interprétation très connectée au personnage qui semble lui venir de l’intérieur. On est confronté à l’image d’une femme terriblement forte qui souffre de la violence de son mari mais n’en laisse rien transparaître. Si bien que le spectateur ne finit par comprendre ce qu’il se trame que dans l’intimité de sa loge, lorsqu’elle se démaquille le visage dévoilant un œil au bord noir tandis que son mari tambourine à la porte en hurlant de le laisser entrer. Elle ne le fera pas. Une interprétation à l’image de la reine de la soul qui était finalement souvent très discrète en-dehors de la scène.
La voix d’une reine
Comment passer à côté de l’interprétation vocale de Cynthia Erivo qui non seulement se glisse dans la peau d’Aretha Franklin mais en interprète les plus grands titres.
Des quatre murs du studio aux plus grandes scènes, sa voix et chacune des performances qui nous sont données à voir sont époustouflantes. Bien que très talentueuse et dotée d’une voix hors du commun, l’actrice confie avoir fait face à de vrais défis vocaux comme il a été le cas sur la chanson « Never Grow Old ». Bout à bout, Cynthia Erivo a décortiqué en amont les passages des chansons qui ont bercé son enfance pour capter chaque décision vocale de la grande Aretha afin de parvenir à chanter comme la reine de la soul. Incroyable mais vrai et complètement bluffant, Cynthia Erivo n’est pas pianiste, elle a donc appris à en jouer pour le rôle, et c’est un pari réussi ! On ressent la vibe Aretha à chaque performance sans jamais chercher à comparer et c’est une grande qualité qu’il est important de souligner.
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