En ce moment, Grace Wales Bonner dessine des vêtements pour les hommes. Ça va durer un temps et ce sera formidable. Sa dernière collection, baptisée “Lover’s rock”, a été présentée à Londres, dans la FW masculine, mi-janvier. De l’aveu de la styliste anglaise : « C’était en quelque sorte une collection inévitable pour moi. C’est comme si je revenais à la maison », explique-t-elle à la presse. La jeune femme d’origine jamaïcaine a grandi dans ces quartiers de Lewisham et de Stockwell, au sud-est de la ville. Ce sont des lieux caraïbes où l’on écoute de la bonne musique.
« Je me suis intéressée à la façon dont les jeunes et les gens embrassent les traditions britanniques, mais également construisent leur identité et leurs liens avec les Caraïbes. C’est aussi une exploration du multiculturalisme au Royaume-Uni à cette époque, » commente-elle. Et c’est là son inspiration. Elle puise à la fois dans la peinture et la littérature, s’intéresse à Coco Chanel et à des peintres abstraits. Sur ses platines, elle peut aussi bien écouter du Purcell que Bob M. . Et tout cela, dans un dénominateur commun, la mode. « C’est le médium qui me permet de communiquer. Faire des vêtements, c’est-à-dire témoigner et donner de l’envie. »
Inspirée par les années 70, elle réalise ici un mix assez impressionnant d’élégance british et de symboles insulaires, comme les boutons de nacre, les cabans de flibustier et pour chapeau des superbes bonnets multicolores, jamaican colors, en laine shetland… La fête a été énorme, les manettes sonores à fond et la communauté assise aux tables devant les verres d’ibiscus.
Trois ans après avoir décroché le prix LVHM du jeune créateur (2016), Grace Wales Bonner prend donc un maximum de lumière. Il est également vrai que les coups de pub ne cessent de se succéder. Meghan Markle lui a commandé une robe en mai 2019. Éclairage maximal. Le dernier défilé d’un raffinement total, mais libéré de toute contrainte, a séduit de nombreuses femmes. Grace Wales sourit. Dans ses cartons, il y a certainement des robes et des dessins qui attendent. Pour l’instant vous ne verrez rien. Tout juste apparait-elle sur les sites, énigmatique, dans le strass, les rivières de cristal, des blazers de capitaine baroque. A quand la suite ?
Roger Calmé
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