Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, de plus en plus de femmes se lancent dans le fumage de poisson afin de subvenir à leurs besoins. Un métier qui leur permet de gagner convenablement leur vie, mais qui représente un vrai problème de santé publique. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 55% des femmes fumeuses de poissons sont atteintes de cancers. Des statistiques récentes du ministère de la santé ivoirien a démontré que 50% d’entre elles sont atteintes de troubles respiratoires.
Selon un rapport du Fonds des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) en 2012, le poisson fumé représente 2/3 de la consommation des produits de la pêche en Côte d’Ivoire. Or, le poisson fumé est obtenu suivant des méthodes vétustes de fumage, peu soucieuses de la préservation de l’environnement, du consommateur et surtout de la santé des acteurs. Au-delà des problèmes respiratoires, 30% de ces femmes ont des affections d’Orl, 17% ont des problèmes de tension artérielle, et 13% souffrent de fièvre typhoïde. De plus, 55% de ces femmes ont déclaré avoir des relations difficiles avec leur conjoint car elles n’ont pas le temps de prendre soin de leur corps.
Parallèlement aux problèmes de santé, les techniques de fumage traditionnelles telles que pratiquées actuellement sont nocives pour l’environnement. La consommation en bois est extrêmement importante. En effet, il faut 5 kilogrammes de cette matière pour fumer 1 kilogramme de poisson. Ainsi, là où le fumage est pratiqué, les grandes forêts de palétuvier et de mangrove sont détruites. La combustion du bois émet également des fumées qui comportent des gaz toxiques.
Les conditions alarmantes de ces femmes fumeuses de poissons fait actuellement l’objet d’une réflexion par les acteurs de la santé. La Fao en collaboration avec des chercheurs de l’Institut de géographie tropicale (Igt) de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody et du Laboratoire national d’appui au développement agricole (Lanada) se sont réunis en atelier en vue de définir un plan d’action national de maîtrise des risques liés au fumage traditionnel des produits halieutiques.
Le représentant de la Fao en Côte d’Ivoire, Germain Dasylva, a déclaré : « Cet atelier qui s’inscrit dans le cadre du programme d’appui au Mécanisme multipartenaires de Fao (Fmm), permettant aux femmes de bénéficier de façon plus égale des chaînes de valeur agro-alimentaire, vise à situer les décideurs sur les orientations pour des systèmes alimentaires durables ». Il a alors annoncé l’existence de fours modernes dénommés « fours Fao-Thiaroye » introduites depuis 2013 dans les communautés de pêche artisanale en Côte d’Ivoire. Pour prévenir et atténuer les conséquences sanitaires, environnementales et économiques de procédés de fumage traditionnel, il a recommandé cette technologie améliorée aux femmes fumeuses. Celle-ci permet en effet de diminuer la pénibilité au travail, mais aussi de réduire les pertes après capture. Dans les différents lieux où ces fours modernes sont exploités, il semblerait que les femmes fumeuses de poissons retrouvent leur santé.
Ce sont au total 25 millions de francs CFA qui sont mobilisés pour répondre aux résultats de ces recherches et trouver des solutions durables.