L’échange, le voyage, les coups de coeur, l’énergie, l’authenticité et la recherche de la perfection sont autant de mots qui résument l’univers musical de Gwen & Tiana. Fruit d’une rencontre “évidente et naturelle”, le duo créé en 2012 souhaite offrir une musique qui lui ressemble : des voix soul posées sur des harmonies jazz et une base rythmique afro. Un voeu qui s’est réalisé dans leur premier EP African Time sorti en septembre 2016.
Votre premier EP s’appelle “African Time”. Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Gwen : Nous sommes nés en Afrique, nous y avons grandi et nous sommes venus en Europe pour nos études. Nous avons aussi participé à pas mal de projets autour du gospel, de la soul et du jazz. Quand on s’est rencontrés, on s’est posés la question de faire quelque chose d’authentique pour nous. Il était donc évident de repartir dans nos racines. Le choix du titre “African Time” a deux volets. C’est tout d’abord l’ensemble des souvenirs, des moments passés plus jeunes, dans cette insouciance, pour Tiana au Cameroun et pour moi au Gabon. Mais c’est aussi une invitation à vivre le temps autrement. Il y a un contexte culturel différent en Afrique. Le temps est lié à un moment et non à l’heure. C’est le moment qu’on passe qui est important.
Vous avez d’ailleurs prévus un concert à Douala. Comment cette opportunité s’est-elle présentée ?
Tiana : Douala est la ville où je suis née et j’ai eu la chance de pouvoir rentrer au Cameroun en décembre dernier. Mon père, qui ne voulait pas que je fasse de la musique, s’est pris d’amour pour notre projet, car il a vu qu’on se battait pour vivre nos rêves. Aujourd’hui, il est à 100% dans l’aventure. Selon lui, notre succès ne peut se faire sans passer par l’Afrique et particulièrement à Douala où je suis née. Il a donc renoué avec ses contacts au Cameroun et nous avons réussi à avoir une date au Centre Culturel Français J’ai travaillé dessus en décembre et apprécié pour sa fraicheur.
Vous dites que votre rencontre musicale s’est déroulée “de façon naturelle”. Comment celle-ci s’est-elle passée ?
Tiana : La rencontre a été forte. Pour nous, le hasard n’existe pas. Moi j’habitais à Lille et j’avais un autre projet musical dont Gwen, qui travaillait alors dans la direction artistique, avait entendu parler, via un ami de Lille. Il nous a alors contacté et nous avons commencé à travailler ensemble à distance sur la direction artistique de ce projet dont j’étais le leader. Nous avons alors vu nos ambitions communes.
Gwen : C’était particulièrement évident. Je prends souvent l’exemple du miroir pour l’expliquer. Tu fais la rencontre de quelqu’un et tu as l’impression d’être en face d’un miroir. Nous nous sommes dit qu’il fallait vraiment qu’on suive notre route artistique ensemble. Pour nous, la musique est synonyme de partage. Il est alors évident qu’il fallait le faire en groupe et non en carrière individuelle.
Tiana : Je voulais quitter la région lilloise. Il m’a dit de venir voir la Suisse et j’ai eu un coup de foudre pour ce pays. J’ai ensuite plié bagage et débarqué en Suisse. Nous avons commencé avec Vocal Academy, une école de chant que nous avons créé et l’aventure s’est poursuivie.
Comment décrire le style musical de votre EP ? Qui y a apporté quoi ?
Gwen : On voulait que cet EP et notre musique nous ressemblent. Il y a donc une base afro, mais pas uniquement, car nous avons passé plus de 10 ans en Europe avec des influences jazz, soul et funk. Ce sont ces différents ingrédients qui font notre musique. En quelques mots, on peut dire que ce sont des voix soul posées sur des harmonies jazz et une base rythmique plutôt afro. Quand on a lancé le projet, on a voulu s’entourer, car c’est comme ça qu’on va plus loin. On a cherché différents producteurs et musiciens qui avaient travaillé sur des projets similaires. Nous sommes tombés sur le bassiste new-yorkais d’origine nigériane, Michael Olatuja, qui a d’ailleurs dernièrement gagné un Grammy pour sa participation à la comédie musicale “Couleur Pourpre”. Ce dernier nous a mis en contact avec son cousin Femi Temowo à Londres car il était plus simple de travailler avec quelqu’un à proximité. C’est un super guitariste avec un incroyable CV. Là aussi, c’est une histoire de coup de coeur, comme tout l’album d’ailleurs. On a composé les morceaux ensemble. Il fait office de producteur exécutif et de directeur artistique.
Tiana : Il apporte cette touche afro qu’on avait dans nos racines, mais qu’on avait pas forcément pu explorer musicalement.
Comment vous situez-vous par rapport à l’industrie musicale actuelle ? Qu’attendez-vous de votre carrière ?
Tiana : On fait de la musique pour partager des émotions. C’est un voyage, une aventure humaine avant tout. C’est important de garder notre authenticité dans cette musique. On se situe dans une niche. Ce qui est important c’est ce que les gens ressentent quand ils nous rencontrent. On pense que c’est pas forcément en faisant de la musique que les gens ont l’habitude d’écouter qu’on va sortir du lot. C’est surtout le fait de se battre pour communiquer correctement et de tisser des liens avec des gens qui vont pouvoir relayer cette musique qui nous amèneront plus loin.
Gwen : Les plus beaux retours qu’on ait reçu à la fin de nos concerts, c’est lorsque des personnes nous disent “C’est pas mon style de musique, mais on a passé un super moment, j’ai fait le plein d’énergie, je me sens joyeux”. Ca va au-delà du style de musique, si on veut toucher les gens et laisser un impact dans leur vie. L’autre approche est de présenter l’Afrique autrement. Elle n’est pas directement le public cible mais c’est important de montrer une facette de l’Afrique, ses notions et ses conceptions.
Vous avez prévu de sortir un album printemps 2017. Qu’en est-il ?
Tiana : Nous avons commencé à enregistrer en octobre dernier. Nous avons eu la chance d’être invité par Manoukian à la maison des artistes à Chamonix, où on a pu enregistrer les instruments principaux sur une semaine. On continue dans ce processus. Mais comme cela représente des budgets énormes, nous sommes en stand by pour l’enregistrement des voix et des instruments secondaires.
Gwen : Nous sommes perfectionnistes, aussi dans la musique. Cela explique pourquoi nous prenons du temps.
Passons à notre questionnaire !
Quel mot vous caractérise le mieux ?
Gwen : Généreux
Tiana : Partage
Quelle personne rêvez-vous de rencontrer ?
Gwen : Richard Bona
Tiana : Angélique Kidjo
Quelle personne rêvez-vous de ne jamais rencontrer ?
Gwen : Marine Le Pen
Tiana : Hitler
Votre meilleur moment sur scène ?
Gwen : Le Montreux Jazz Festival en juillet 2016. C’était incroyable. Ce fut un super privilège de participer à un festival pareil.
Tiana : C’est le même pour moi. Une belle complicité avec le public. Et ce fut le premier concert public avec nos morceaux.
Si je vous dis artiste africain(e), à qui pensez-vous ?
Gwen : Youssou N’Dour
Tiana : Richard Bona
Votre expression africaine préférée ?
Gwen et Tiana : “Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”
Un message à faire passer aux femmes africaines ?
Tiana : C’est important d’être indépendant pour être libre. On peut arriver à faire des choses par soi-même sans forcément attendre des autres qu’ils viennent faire les chose pour nous. Le chemin commence par sa propre volonté.
Gwen : Je suis féministe dans l’âme. J’ai tendance à être plus impressionné par les femmes de caractère et de projet. Je leur dirais alors de regarder au -delà de ce qu’elles font actuellement, car les possibilités d’une femme sont monstrueuses.
Le duo sera sur la scène du Sunset Sunside à Paris, le 23 mars, le 13 avril à Douala et le 21 avril à Libreville. Suivez leur actualité sur leur page facebook et n’hésitez pas à vous laisser emporter par leur single “African Time”
https://www.youtube.com/watch?v=lwpi0Je8Vxo
Par Céline Bernath